Bordeaux : La pénurie de chauffeurs s’explique par le travail du week-end « qui rebute certains candidats », selon Keolis

L’offre de transport « reviendra à un niveau normal » à partir de ce lundi, annonce Keolis Bordeaux Métropole. Depuis le 29 août, le service était « dégradé » en raison de la pénurie de chauffeurs, avec des fréquences de desserte allongées sur certains tronçons, notamment sur les tramways A et B.

Contacté par 20 Minutes, le directeur de Keolis Bordeaux Métropole Pierrick Poirier explique qu' »il était impensable que lundi, qui sera la vraie rentrée en matière de mobilité, l’offre ne revienne pas à la normale ». Le retour de plus de chauffeurs de congé permettra à l’entreprise de retrouver plus d’aisance. Surtout, « nous mettons en place des mesures ponctuelles d’intérim, d’heures supplémentaires sur la base du volontariat, et nous faisons appel à des managers de l’entreprise qui sont d’anciens chauffeurs… »

C’est pour les urgences. « En parallèle, nous avons une quarantaine de chauffeurs à recruter d’ici la fin de l’année, sur les 1 800 que compte l’entreprise, pour assurer le bon fonctionnement du réseau, poursuit Pierrick Poirier. Nous en avons déjà seize qui arrivent à mi-parcours. -Septembre, dont onze en contrat de professionnalisation – jeunes salariés de moins de 25 ans ou demandeurs d’emploi. »

« Je peux comprendre qu’un jeune préfère chercher ailleurs… », analyse un syndicaliste

Pour le directeur de Keolis, ce manque de chauffeurs, qui touche plusieurs réseaux de transports en commun en France, s’explique principalement par « la baisse du chômage et l’effet Covid-19 ». Le rapport au travail a changé avec la crise sanitaire. Notre entreprise a de grands atouts, mais nous avons des limites, notamment en termes d’horaires de travail, car nos agents de conduite travaillent probablement le week-end, et aujourd’hui cela décourage certains candidats, ce qui n’était pas le cas il y a deux ou trois ans. »

Les syndicats ne font pas la même analyse, et pointent du doigt une politique salariale qui ne serait plus en adéquation avec le contexte économique actuel. « La direction met cette crise uniquement sur la base des conditions de travail, c’est un peu facile parce que le vrai problème, ce sont les salaires, fustige Mathieu Obry, chauffeur et délégué syndical CGT. Voir l’article : Comment faire taxi sans licence ?. Le métier est certes moins attractif, mais surtout parce qu’on recrute autour 1 500 euros par mois, et on est à 2 500 euros par mois après vingt ans de service, primes comprises. Quand on fait les 3×8 et qu’on travaille un week-end sur deux, je peux comprendre qu’un jeune préfère aller voir ailleurs… »

« Je ne partage pas ce point de vue, il n’y a pas de problème de salaire », répond Pierrick Poirier. A l’embauche, nous proposons un salaire de 30 000 euros bruts, et un chauffeur avec 12 ans d’ancienneté revient à 35 000 euros bruts. Nous sommes encore loin du Smic. Le sujet n’est pas là, on le voit dans les entretiens d’embauche, c’est vraiment ce problème de pression du temps. »

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Menace d’un mouvement social

Cependant, les salaires seront le sujet de discussion dans l’entreprise dans les mois à venir. Mathieu Obry précise qu' »il faut entamer des négociations et au niveau de l’intersyndicale on demande une augmentation de 3,5%. « Keolis » vient de signer un contrat de 2,2 milliards d’euros pour le renouvellement de la DSP [service public la délégation] avec Bordeaux Métropole, les salariés ne comprendraient pas que leurs salaires n’augmentent pas comme ils le souhaitent », justifie le syndicaliste. « Au niveau CGT nous sommes prêts à entrer en conflit et je pense que les éléments sont en place pour que nous puissions entamer mouvement social. »

« La question de ce retour, c’est la compensation de l’inflation, qui connaît un pic important, c’est pourquoi nous proposons le versement d’une prime pour fin septembre, indique pour sa part Pierrick Poirier. Voir l’article : La colère de certains commerçants et salariés face à la hausse des tarifs de stationnement à Montpellier. Quant aux salaires, je reporte les discussions à novembre, pour nos négociations salariales annuelles, qui commencent à ce moment-là.

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Plan d’actions contre l’absentéisme

Le syndicat souhaite également que l’entreprise engage une réflexion, « sur l’absentéisme particulièrement élevé, de l’ordre de 13%, qui représente plus de 100 conducteurs par journée. Lire aussi : La combinaison du forfait de mobilité durable et du forfait de transports en commun : des plafonds améliorés. »

« C’est quand même une conséquence de la crise sanitaire », analyse le directeur de Keoli, qui l’exhorte, « une absence de 10%, une progression de deux points en deux ans, avec des pics à 13% ». « C’est une inquiétude, reconnaît-il, et on sait qu’il y a une attente pour retravailler les rythmes de travail ; c’est un sujet que nous aborderons dans les mois à venir avec les partenaires sociaux pour voir ce que nous pouvons proposer à nos chauffeurs. »

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