Casablanca : Inégalité des transports en commun entre la ville et sa périphérie

L’accessibilité par les transports en commun est un facteur clé pour le développement des villes. En fait, les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, adoptés en septembre 2015, soulignent l’importance des transports urbains accessibles, dans le cadre de l’objectif numéro 11, pour rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables. Ce dernier propose un indicateur pour suivre l’accessibilité des services, des biens et des opportunités pour tous.

Dans une étude publiée dans l’édition de novembre du Journal of Theoretical and Applied Information Technology, deux chercheurs de l’Ecole Hassania des Travaux Publics (EHTP) se sont penchés sur le cas de Casablanca, la plus grande ville du royaume avec 40% de mobilité nationale. Ainsi, ils ont essayé d’estimer la valeur de cet indicateur pour le centre de Casablanca et les provinces environnantes, à savoir Mohammadia, Mediouna et Nouaceur. L’objectif principal de cette recherche est « d’évaluer l’accessibilité des transports en commun pour la ville de Casablanca et ses environs immédiats ». Cette mesure est réalisée conformément aux Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, en particulier la cible numéro 11.

Pour ce faire, les deux chercheurs ont créé une base de données du Système d’information géographique (SIG) contenant les données nécessaires telles que les districts administratifs, les routes de la ville, les lignes du réseau de bus, les lignes de tramway et les statistiques démographiques.

Une inégalité dans l’offre de transports publics

Dans les résultats de l’étude, les deux chercheurs ont constaté que 74,38% de la population de l’ensemble de la zone d’étude (Casablanca et ses environs) a accès au réseau de bus, tandis que 95,51% de la population du centre a accès au bus et réseaux de tramway. « Les résultats détaillés par secteur mettent en évidence le déséquilibre d’accès aux transports entre le centre-ville et les quartiers périphériques », remarquent-ils.

Par exemple, pour les transports en commun par bus et sans tenir compte des statistiques démographiques, l’accessibilité diminue du centre vers la périphérie. « Nous constatons que les services de transport public par bus concernent principalement les zones nouvellement urbanisées des provinces périphériques », d’où « la question du rôle des transports urbains dans la stimulation de l’urbanisation et non l’inverse ». Cependant, l’ajout des transports en commun par le tram permet une « amélioration de 11% de l’accessibilité au centre-ville de Casablanca », ajoute l’étude.

Les résultats montrent des pourcentages d’accessibilité acceptables au centre de Casablanca. Ils font également état d’une « amélioration de l’accessibilité de la population après la mise en place des lignes de tramway ». Cependant, l’accessibilité estimée dans les zones périphériques montre des taux d’accessibilité beaucoup plus faibles, en particulier pour les zones récemment urbanisées.

Pour les deux chercheurs, « les résultats confirment, d’une part, la plus grande offre de transports en commun dans le centre de Casablanca par rapport aux zones périphériques et, d’autre part, l’importance de l’introduction du réseau de tramway pour augmenter la valeur de l’accessibilité pour les résidents du centre-ville ». « Les calculs obtenus montrent la disparité de l’offre de transport en commun entre la population vivant au centre de Casablanca et la population vivant en périphérie ».

L’étude estime que cette disparité « peut entraîner un déséquilibre en termes d’activités et d’accès aux opportunités entre toutes les populations de la région de Casablanca ». Une carence qui empêche les transports collectifs urbains de remplir pleinement leur rôle d’accompagnement et surtout de structuration de l’étalement urbain de ces zones périphériques.