Covoiturage : malgré la prime de 100 euros, les Corses sont-ils prêts à changer leurs habitudes ?

Dans le catalogue de mesures présenté par le gouvernement le 6 octobre, les recommandations s’accumulent pour réduire nos consommations d’énergie et les recommandations concernant les transports sont généralement mises en place depuis longtemps (conduite durable, utilisation des LED, amélioration des ascenseurs économes en énergie ! … ). L’une d’entre elles se démarque particulièrement lorsqu’elle est présentée comme une mesure principale : l’autopartage. Cela est nécessaire, souligne le plan de sobriété, pour « favoriser l’utilisation des véhicules partagés grâce à une prime pour chaque nouveau véhicule partagé qui s’inscrit sur la plateforme ». Cette aide est en effet accordée aux personnes qui s’inscrivent sur un site de partage comme Blablacar, Mobicoop, Larouverte, Karos, etc. La première partie de la prime est ainsi versée à ce moment-là et la seconde après un certain nombre de trajets pour « s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une inscription artificielle, mais si (le covoiturage) est vraiment utilisé ».

Covoiturage sans plateformes Une démarche jugée trop contraignante pour certains « Si c’était 100 euros par mois, peut-être, sinon il n’y a pas d’intérêt. », confie Corinne U., une Bastiaise de 42 ans. BlaBlaCar, qui ne marche pas en Corse… on se passe de chèque. » Depuis deux ans, la femme s’offre un véhicule partagé pour le trajet Ajaccio – Bastia.

Pour lui, comme beaucoup d’autres Corses, le covoiturage passe principalement par deux groupes Facebook, CV2A Covoiturage Corse (créé en 2020) et CCC Cultural Carpool in Corse (créé en 2011). Comptant environ 3 000 membres, les groupes proposent non seulement un véhicule partagé pour assister à des événements culturels ou des voyages longue distance pour des sommes modiques, mais aussi des déplacements domicile-travail.

Pratiquant ce mode de transport depuis un an, Marion la quarantaine passe également par ces groupes pour se rendre d’Ajaccio à Bastia. « Il y a un chèque maintenant ?! s’interroge-t-il. Je pense qu’il en faut plus sur la métropole.

D’autres usagers, comme Cécilia, 36 ans, ne se sentent pas prêts à « courir après les gens pour de simples besoins de transport, je n’en ai pas envie ».

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement prend des mesures pour promouvoir cette pratique. L’usage partagé a une place importante dans la loi d’orientation de la mobilité (LOM) annoncée le 24 décembre 2019. Au cours des deux dernières années, les intercommunales et les régions ont pu indemniser les conducteurs et les passagers des véhicules partagés.

La Corse est-elle prête à relever le défi ?

Selon le classement des régions réalisé par l’application mobile Klaxit, la Corse est la région qui compte le moins de covoiturage en France pour les trajets domicile-travail. « Les données n’incluent pas tout ce qui est du partage informel, il faut comprendre les trajets qui ne passent pas par des plateformes et qui ne sont pas payés », explique David di Nardo, directeur du développement chez Klaxit. Par ailleurs, ni la région, ni Bastia, ni Ajaccio n’ont mis en place de mécanismes de subvention des déplacements

Les communautés doivent accompagner le changement. Les choses semblent avoir évolué du côté de Bastia. Klaxit, qui opère déjà dans plusieurs régions de France et à Monaco, aurait entamé des discussions avec le cab pour implanter ce type d’équipement dans le grand Bastia. Il s’agirait de trajets courts, domicile-travail et trajets directs. « Notre particularité, c’est qu’en plus des transports en commun, on crée des réseaux de transports en commun. On commence à créer des zones d’activités proches de la ville, là où les transports en commun ne sont pas efficaces ou n’existent pas du tout », explique le directeur du développement de la plateforme. . . Le gain du conducteur serait de deux centimes d’euro par kilomètre et par passager transporté. Il gagnerait donc environ 2,50 euros pour une distance moyenne de 25 kilomètres. Pour les passagers, ils ne paient généralement rien, sinon le prix symbolique de 0,50 € s’applique. « Le covoiturage, ce n’est pas que ce qu’on connaît. Les gens connaissent BlaBlaCar pour les longues distances, mais ils ne pensent pas qu’il existe vingt applications pour les courtes distances », développe David di Nardo. Il est très important que les collectivités accompagnent ce changement de comportement pour qu’il devienne un mode de transport pérenne. »