David Belliard : « Le retrait de Valérie Pécresse dans les transports en commun est une erreur historique ! »

06:15

, 17 septembre 2022

Écologie Européenne – Les Verts Adjoint au Maire de Paris chargé des transports, David Belliard,

aussi le vice-président d’Île-de-France Mobilités (IDFM) est-il en colère : il déplore la dégradation des temps d’attente aux bus et au métro cet automne. Il critique le management de Valérie Pécresse,

le président des Républicains de la Région Île-de-France, à la tête de l’IDFM, à qui il reproche de maintenir une offre de transport réduite. Et il dénonce le manque d’ambition et de moyens, selon lui, du gouvernement, qu’il appelle à un « New deal dans les transports du quotidien ».

Vous avez une vision très stricte de la gestion des transports publics en Ile-de-France. Quelles sont vos plaintes ? Tous les usagers peuvent constater une dégradation importante de la qualité de service concernant la fréquence des trains et des bus. Certains attendent 30 à 70 minutes le week-end ; Je l’ai vu de mes propres yeux dimanche dernier. On me dit régulièrement que la fréquence entre les deux métros sur la ligne 13 – la plus fréquentée du réseau – peut atteindre 4 minutes aux heures de pointe, contre 2 minutes habituellement. Idem sur la ligne 7. Ce n’est pas normal. Et même aberrant, à l’heure où l’on doit faire face au changement climatique et à une crise du pouvoir d’achat. Dans les deux cas, les transports en commun sont la solution. Ils doivent être une priorité absolue. Malheureusement, ce n’est pas le cas. A l’approche de la Coupe du monde de rugby 2023 et des JO 2024, je me demande comment nous pourrons transporter des millions de passagers supplémentaires dans ces conditions.

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Comment vous expliquez cette situation est une question de volonté politique. Valérie Pécresse, qui préside l’Île-de-France Mobilités [IDFM], a décidé de réduire drastiquement l’offre de transport avec le Covid-19. Que pouvons-nous comprendre. Mais on n’a jamais récupéré 100% du stock depuis 2019. Pourtant, les voyageurs sont revenus ; il suffit de les voir entassés comme des sardines à une certaine heure pour le comprendre. Valérie Pécresse assume ce non-retour à la normalité, déclarant même à ce sujet : « Il ne faut pas rêver. « Dans le même temps, il envisage d’augmenter le prix des billets et des pass Navigo. Ce rejet des transports en commun est une erreur historique ! Il n’est pas le seul : le gouvernement est aussi responsable du refus d’investir massivement. Régénération des sentiers, création de nouvelles offres, baisse des prix…, les besoins sont immenses, mais les bénéfices aussi. Il faut un New Deal pour les transports du quotidien, en Île-de-France et partout en France.

Le problème de l’emploi était prévisible

L’IDFM et les opérateurs, comme la RATP ou la SNCF, évoquent le manque de conducteurs de train… Il y a un problème d’emploi, c’est vrai. Mais cela aurait pu être prévu. Au contraire, les conditions sociales se sont détériorées, le métier de chauffeur est de plus en plus difficile, de moins en moins attractif. Et cette situation va s’aggraver avec la concurrence entre les transports publics [2025. pour les bus RATP, 2030 pour les tramways, 2040 pour le métro et les RER A et B]. Au lieu de défendre le service de transport public, l’IDFM a une vision très néolibérale et a décidé non seulement de soutenir mais d’accélérer la privatisation des lignes. Il faut arrêter cette concurrence qui oblige les opérateurs à réduire les conditions de travail pour réduire les coûts. Nous payons aussi le sous-investissement chronique dans les transports quotidiens, que le gouvernement considère toujours comme une variable d’ajustement. Résultat : difficile à embaucher.

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La RATP signale également des travaux de voirie – dont vous êtes responsable, des déviations et la création de pistes cyclables, qui ralentiraient les bus… Prenez-vous votre part de responsabilité ? Je ne nie pas qu’il puisse y avoir des difficultés ici ou là. C’est pourquoi nous avons créé un groupe de travail qui associe la Ville de Paris et la RATP, afin d’identifier les blocages. Nous avons très peu de retours. J’attends toujours des éléments objectifs. Par exemple, j’entends que la rue de Rivoli présente des problèmes, mais la RATP répond que ce n’est pas un problème. En général, les informations opérationnelles sont difficiles à obtenir, y compris auprès de l’IDFM. Nous avons besoin de plus de transparence sur la fréquence des bus, la vitesse commerciale, etc. Mais je vais vous dire : en fait, si vous attendez 20 minutes votre bus, c’est très simple, c’est qu’il n’y a pas assez de bus.

Je ne comprends pas pourquoi Valérie Pécresse ne prend pas le fer au niveau gouvernemental pour obtenir un énorme investissement de l’état

IDFM fait face à d’importants problèmes financiers, qui ne lui permettraient pas de revenir à 100% de l’offre. Où trouver les 950 millions d’euros manquants pour 2023. Déjà en abandonnant de grands projets inutiles, comme la gare de Gonesse [95] du Grand Paris Express au milieu des terres agricoles. Ou le très coûteux projet de super-métro de Saclay [78-91], qui pourrait être remplacé par une ligne de bus de haut niveau. Ce serait déjà le premier geste bénéfique pour la biodiversité, le climat et les finances. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi Valérie Pécresse ne va pas au niveau gouvernemental pour obtenir un énorme investissement de l’Etat. SNCF Réseau n’est plus en mesure de financer le projet Éole [extension du RER E vers l’ouest], ni la semi-automatisation des RER B et D, qui permettrait une augmentation significative de leur fréquence. C’est inacceptable! Le gouvernement doit permettre la réalisation de ces projets. Et puis quel jeu de dupe, quand même, quand Valérie Pécresse dénonce la règle d’or de SNCF Réseau, qui l’oblige à un budget d’équilibre strict, et qui a été votée par ses amis politiques à l’Assemblée nationale.

Êtes-vous d’accord avec les propositions de Valérie Pécresse de baisser la TVA sur les billets à 5,5 % ou d’augmenter le montant de la mobilité payée par les entreprises ?J’y suis évidemment favorable, car ce sont des propositions écologistes depuis des années. Le gouvernement les a rejetées lors des récents débats au Parlement. Mais plus que cela, nous devons aller de l’avant avec de nouveaux atouts. Quand Clément Beaune, ministre des Transports, annonce qu’il « assure » le paiement de la mobilité, c’est bien, mais loin d’être suffisant ! Il nous en faut plus pour relever le défi. Il me semble évident qu’au minimum, les entreprises qui émettent le plus de CO2 doivent contribuer davantage.