Des tarifs gratuits et attractifs : comment nos voisins européens promeuvent le train

« A nous de vous faire préférer le train« , c’est ce que promettait le slogan de la SNCF dans les années 90. La devise aurait pu être reprise par de nombreux pays européens, de l’Allemagne à l’Espagne, en passant par le Luxembourg, qui ont baissé les tarifs ferroviaires pour encourager l’usage du train.

Ces mesures interviennent à un moment où le prix de l’énergie, notamment du carburant, pèse de plus en plus sur le budget des ménages. Ils doivent inciter les citoyens à laisser leur voiture au garage pour privilégier le rail, moyen de transport moins énergivore. Un autre argument est celui de l’écologie, le train émettant moins de CO2 que la voiture.

La gratuité en Espagne et au Luxembourg

Début août, le gouvernement espagnol a confirmé la gratuité des trains de banlieue et des lignes à moyenne distance, alors que l’inflation dépassait la barre des 10 % en Espagne au début de l’été. Un accès gratuit qui entrera en vigueur pour quatre mois à partir du 1er septembre et qui devrait permettre d’économiser jusqu’à 370 € par personne à Madrid, et 330 à Barcelone, estime l’exécutif espagnol. Sur le même sujet : Quelle moto pour se faire plaisir ?. Selon les calculs de Renfe, la compagnie ferroviaire espagnole, 75 millions de trajets seront concernés par la gratuité.

« L’initiative est une opportunité pour les gens de passer de la voiture à des transports plus durables et, en même temps, de réduire la facture énergétique de l’Espagne », explique dans le quotidien El Pais César Ramos, député socialiste et porte-parole sur la mobilité. Il espère que « d’ici la fin de l’année, il y aura plus d’utilisateurs, ce qui facilitera l’amélioration du service ».

Le Luxembourg est allé encore plus loin en devenant, depuis le 29 février 2020, le premier pays au monde à rendre les transports publics gratuits pour tous, résidents comme étrangers, sur tout son territoire. Un service gratuit estimé à 41 millions d’euros par an, entièrement financé par la fiscalité, et qui devrait permettre une centaine d’euros d’économies par an et par habitant en moyenne. Un vaste plan de travaux, estimé à 4,5 milliards d’euros sur huit ans, est également en cours, notamment destiné au développement du rail et à la création d’un tramway.

La mesure, au-delà d’encourager l’utilisation de transports plus verts, devrait aussi permettre de réduire les embouteillages dont souffrent la capitale et les grands axes routiers. Près de la moitié des déplacements professionnels se font encore en voiture dans ce pays qui compte 645 000 habitants et attire chaque jour plus de 110 000 frontaliers.

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Un sésame en Allemagne et en Autriche

Chez nos voisins allemands, le gouvernement a opté pour un « ticket à 9 euros » donnant accès à tous les transports publics locaux et régionaux du pays. Avec 21 millions de billets vendus le premier mois, l’initiative est qualifiée de véritable succès.

Le trafic ferroviaire sur des trajets entre 30 et 300 kilomètres a ainsi augmenté de 42% par rapport à juin 2019, selon une étude réalisée par l’office fédéral de la statistique, Destasis. Résultat : sur certaines lignes, les voitures sont surchargées. Ceci pourrez vous intéresser : Cette voiture volante imaginaire d’une filiale de Hyundai pourrait être un transport public du futur. Sans que cela entraîne une baisse significative du trafic routier, note toutefois l’institut.

Et ensuite ? Si le ministre des Finances, Christian Lindner, a rejeté l’idée de poursuivre la mesure à la rentrée, qui a déjà coûté 3 milliards d’euros, d’autres proposent la création d’un ticket annuel à 365 € par an ( soit 1€ par jour) ou un pass à 69€ par mois.

En Autriche, un tel ticket existe depuis novembre 2021. Proposé par des écologistes, le « Klima-ticket » donne accès à tous les transports en commun du pays pour environ 3 € par jour, soit 1 095 € pour l’année. Dès son lancement, ce fut un véritable succès. Il a convaincu 134 000 utilisateurs en seulement deux mois. Parallèlement, la compagnie autrichienne ÖBB est l’une des premières en Europe à avoir relancé la tendance des trains de nuit comme avec la ligne Paris-Vienne.

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Pas de telles mesures en France

En France, de telles mesures ne sont pas à l’ordre du jour. Lire aussi : inondations. « Vents violents » et « foudres », Séoul noyée sous une pluie torrentielle. Interrogé par le JDD, le ministre des Transports, Clément Beaune, admet « regarder toutes les solutions et les expérimentations menées au niveau européen », mais déclare préférer mettre les efforts en priorité « sur les lignes qui sont endommagées » et « les trains quotidiens ».

En juin, la décision des Régions de France et de SNCF Voyageurs de ne pas renouveler le forfait jeune TER pour l’été a suscité la colère de ceux qui voulaient profiter de l’offre. Lancé en 2020, le pass permettait aux moins de 26 ans de bénéficier, en juillet et août, de trains régionaux illimités dans toute la France pour la somme de 29 €.

Souvent critiquée pour ses prix élevés, la SNCF annonce pourtant des records de ventes cet été avec près de 22 millions de billets vendus. Le groupe annonce également des bénéfices nets de près d’un milliard d’euros au premier trimestre 2022 et un chiffre en hausse de 36% uniquement pour sa branche passage.

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