Guy Burgel : « Le RER n’est pas la panacée de la mobilité urbaine »

Emmanuel Macron a entrepris de construire un réseau RER dans dix villes. Professeur de géographie urbaine et d’urbanisme, Guy Burgel, estime, dans une tribune à « Verden », qu’il vaudrait mieux réhabiliter et moderniser les infrastructures de transport déjà existantes.

Publié le 10 décembre 2022 sur 11.00, mis à jour le 10 décembre 2022 à 18h46. Temps de lecture 2 min.

L’opinion publique est une grande consommatrice de sujets aussi soudains qu’éphémères. Hier, c’est la surpopulation planétaire qui était responsable de l’aggravation de la crise environnementale, qui nous ramenait cinquante ans en arrière, lorsque le démographe et économiste Alfred Sauvy (1898-1990) ou le premier candidat écologiste à la présidentielle de 1974 René Dumont (1904-2001) a condamné la renaissance du malthusianisme démographique au lieu de se concentrer sur l’augmentation de la production alimentaire mondiale.

En 2022, c’est le président Macron, lors d’une interview sur YouTube, qui veut promouvoir un réseau express régional (RER) dans dix villes françaises pour lutter contre les embouteillages et les mobilités polluantes. Et les présidents de région, comme les maires des grandes villes françaises, se précipitent pour participer à cette folie imprévue, à se demander déjà qui, de l’Etat ou des collectivités locales, financera ces investissements pharaoniques, avant de s’interroger sur leur réalisme.

Car le RER ne fait pas seulement référence à l’urbanisme des années 1960, lorsque le schéma directeur de Paul Delouvrier (1914-1995) en région parisienne en 1965 programme un réseau radial de trains rapides qui unissent, d’ouest en est et du nord au sud, les nouvelles villes, mais dans une agglomération dense, étendue, et déjà très peuplée à l’époque (plus de 8 millions d’habitants, près de 11 millions aujourd’hui).