C’est la mauvaise surprise de la rentrée. Les voyageurs RER C et RER D sont restés sur le quai fin août faute de chauffeurs. « Concernant le RER C, il y a 19 trains retirés sur environ 600 quotidiennement. Cela représente 4% de l’offre de transport et 1% des voyageurs sur la ligne », indique Transilien SNCF. Pour le RER D, le syndicat SUD-Rail avance le chiffre de 28 trains retirés par jour, non confirmé par Transilien. « Nous avons demandé que les exclusions touchent le moins possible les voyageurs », précise Grégoire de Lasteyrie, vice-président d’Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports de la région.
Selon Transilien, pour la ligne D, ces difficultés sont liées à des problèmes d’organisation, notamment liés aux vacances d’été et le retour à la normale devrait prendre une quinzaine de jours. En revanche, pour le RER C, il sera plus long, probablement jusqu’à fin septembre, en raison de problèmes plus structurels de pénurie de main-d’œuvre. Cette gestion est rendue difficile par le fait qu’un conducteur sur une ligne RER ne peut pas effectuer le remplacement à court terme sur une autre ligne, du fait des spécificités de ces mêmes lignes.
Hémorragie à la SNCF ?
Outre les problèmes d’absentéisme liés au coronavirus, Transilien explique ces difficultés par le « contexte économique et social actuel ». « Nous rencontrons, comme beaucoup d’entreprises en ce moment, des difficultés de recrutement », précise l’opérateur de transport. La crise sanitaire, économique et sociale liée au Covid-19 a ralenti le recrutement et la formation de nos agents ces deux dernières années », sachant que la formation d’un chauffeur dure un an. Fabien Villedieu, machiniste et représentant de SUD-Rail, présente d’autres facteurs pour expliquer cette situation. « En 2021, nous avions un plan d’action pour générer des profits, mais nous n’avons pas recruté et nous en voyons les conséquences aujourd’hui », dénonce-t-il. Alors, avec la fin du statut ferroviaire, c’est un levier d’attractivité qui a disparu et il y a beaucoup de turnover à la SNCF du fait de la situation sociale catastrophique. Selon le bilan social 2011-2021, nous sommes passés de 1 000 départs ferroviaires par an à 3 000. Les syndicats prévoient également de se réunir le 1er septembre pour discuter de la situation.
Quelles que soient les causes de cette pénurie, Transilien veut tout mettre en œuvre pour recruter et atteindre son « objectif de 600 recrutements, notamment 200 conducteurs de train et tramway et 150 agents de service en gare » pour 2022. , lance plusieurs actions : « job dating, communication campagne, offre d’emploi via les mairies, présentation des emplois dans les écoles, etc. Pour autant, cet activisme ne sauvera pas Transilien de sanctions financières. Lire aussi : Grève des transports : perturbations des réseaux de bus Twisto et Nomad. « Ce n’est pas acceptable à nos yeux, explique Grégoire de Lasteyrie. Nous payons un service et lorsque le service n’est pas fourni, nous ne le payons pas. Selon le niveau de transport fourni, il existe des amendes qui réduisent les fonds que l’IDFM verse aux opérateurs. »
Pas loin de 2.000 conducteurs de bus manquent à l’appel
Malheureusement, il n’y a pas que les conducteurs de train qui manquent, les conducteurs de bus sont également absents. « Il manque environ 1 800 chauffeurs de bus sur un effectif total de 30 000 personnes, poursuit le vice-président. Plus généralement, les secteurs des services peinent à recruter, comme on l’a vu dans l’hôtellerie-restauration. Lire aussi : Transit Les membres du SCFP lancent une campagne pour encourager l’utilisation de leurs réseaux. Ces métiers ont des contraintes, notamment d’horaires, et sont moins attractifs. Un constat partagé par Transdev, qui exploite pour le compte d’IDFM près de la moitié des lignes de bus de banlieue. « Pour redonner de l’attractivité à la profession, nous avons notre campagne « Destination 500 emplois » avec l’un des affichages, des véhicules pour l’emploi et la formation », précise Pierre Talgorn, directeur régional d’Ile-de-France.
Transdev a également lancé son Academy pour former ses chauffeurs. « Le cursus est sanctionné par un diplôme qui permet d’accéder au métier de chauffeur et nous comptons en former 200 par an », décrit Pierre Talgorn. La RATP, qui compte embaucher un peu plus de 700 chauffeurs d’ici la fin de l’année, s’engage également dans la formation en proposant de prendre en charge l’obtention d’un permis D, qui permet de conduire des véhicules de transport. « Le permis D, si vous partez seul, coûte 8 000 euros, précise Grégoire de Lasteyrie. Alors l’obtenir grâce à une formation dispensée par l’un de nos opérateurs est un plus sur un CV ! »
Cooptation et QR Code
Comme tous les moyens sont bons pour recruter, Transdev a également mis en place un système de cooptation avec des primes de parrainage pour ses salariés qui attirerait les recrues. « Nous avons également simplifié nos processus de recrutement », explique le directeur régional. Il n’y a pas besoin de CV ou de lettre de motivation. Sur le même sujet : Avis | Transports : en finir avec le mythe de la multimobilité. Affichez simplement un QR Code et suivez la procédure. Enfin, la RATP annonce « qu’au moins 600 postes sont proposés en 2022 via l’alternance au poste de chauffeur de bus ». De son côté, la région a mis en place le revenu jeune actif réservé aux jeunes de 18 à 25 ans qui verse environ « 4 000 euros en six mois à un jeune qui décide de se former à un métier en tension et les métiers du transport en font partie ». . . C’est l’anti RSA », fanfaronne Grégoire de Lasteyrie.
Malgré ce manque d’effectifs, Transdev garantit « couvrir l’ensemble des prestations pour la rentrée ». De son côté, la RATP reconnaît « quelques difficultés de fonctionnement sur certaines lignes de bus cet été », mais promet que « désormais, l’offre de transport s’est améliorée ». Du côté de l’autorité organisatrice, nous restons vigilants. « Nous demandons aux opérateurs de poursuivre leurs efforts de recrutement et que ce ne soient pas les circuits qui desservent les écoles qui soient impactés en cas de réduction de service », indique Grégoire de Lasteyrie. Il n’y a donc aucune excuse pour manquer la rentrée.