La Côte Nord, ce royaume des voitures

Le manque de fréquence des bus et des trains de banlieue, les prix parfois élevés et la longueur des trajets sont quelques-uns des obstacles à l’utilisation des transports en commun auxquels sont confrontés les habitants de Laval et de sa couronne nord, pour qui la voiture est parfois une option évidente.

Pour se rendre au travail à Dollard-des-Ormeaux en transport en commun, Rabah Hachelaf, qui demeure à Sainte-Dorothée, à l’ouest de Laval, doit d’abord prendre un autobus de la Société de transport de Laval, qui le conduira dans un long détour à l’est de Gare Bois-Franc dans le quartier Saint-Laurent de Montréal. De là, il prend un autre autobus, cette fois exploité par la Société de transport de Montréal, pour se rendre à son lieu de travail dans l’ouest de l’île de Montréal.

« Le trajet dure une heure 10 minutes lorsque les conditions sont optimales », a déclaré mercredi le père de famille en entrevue avec Le Devoir. En voiture, utilisez l’autoroute 13 pour vous rendre au travail en moins de 20 minutes. « J’utilise les transports en commun quand c’est obligatoire, comme quand ma femme conduit la voiture », explique M. Hachelaf, qui précise que le couple n’a qu’une seule voiture. « Mais à ce stade, nous pensons toujours à en acheter un autre. »

Plus au nord, dans la municipalité de L’Assomption, Stéphanie Matteau a depuis longtemps renoncé à se déplacer en transport en commun. Il arrive en voiture tous les jours à 3 h 50 pour se rendre sur le chantier d’un grand projet de développement à Brossard, où il travaille, au plus tard à 6 h.

Ses deux enfants, quant à eux, faisaient de longs trajets en autobus et en métro pour se rendre en classe à Longueuil et à Montréal, mais étaient souvent en retard en raison du manque de fréquence et de fiabilité du service. « J’ai fini par acheter des voitures » pour chacun des deux enfants, malgré les aléas des embouteillages, raconte Mme Matteau.

Elle note également que le prix de 184 dollars par mois qu’elle aurait dû payer pour chacun de ses enfants s’ils utilisaient encore les transports en commun pour se rendre à l’école ne serait pas financièrement compétitif avec la voiture.

« La Rive-Nord est appelée à continuer à se développer dans le modèle automobile », explique Pierre Barrieau, expert en planification des transports et chargé de cours à l’Université de Montréal. Pour inverser cette tendance, il faut une amélioration significative de l’offre de services et de la fréquence des transports en commun dans ce secteur à la population croissante.

De son côté, Rabah Hachelaf est optimiste que le Réseau express métropolitain (REM), qui a fermé les gares de train de banlieue Sainte-Dorothée et Île-Bigras, «résoudra le problème» pour les habitants de la ville. l’île de Laval, en leur offrant un transport en commun efficace. Cependant, la mise en service du train léger le long de la ligne Deux-Montagnes n’est pas prévue avant la fin de 2024.

Pendant ce temps, Stefan Bracher, qui habite Deux-Montagnes, doit supporter patiemment ses ennuis. En raison de la construction en cours de la ligne ferroviaire Deux-Montagnes, elle utilise depuis plusieurs années des autobus alternatifs pour se rendre à la station de métro Côte-Vertu à Montréal.

« Le bus est super confortable, mais on se heurte aussi à des embouteillages », note Bracher sur les tronçons du trajet où il n’y a pas de voies réservées. Ce dernier regrette également la suppression des bornes pour l’achat de billets à la gare de Deux-Montagnes. Vous devez maintenant vous rendre à l’épicerie de l’arrondissement des Laurentides pour récupérer vos billets, confirme la compagnie de transport exo par courriel.

« Le plus simple, c’est la voiture », mais « les embouteillages, c’est l’enfer », assure M. Bracher, qui alterne désormais voiture et transports en commun pour se rendre au travail lorsqu’il ne peut pas travailler de chez lui.