« Là où j’habite, je n’ai ni gare, ni transport » : la galère des banlieusards face à la pénurie de carburant

Loin des villes et des transports, la France de la périphérie souffre encore plus des tensions dans les stations-service liées aux grèves dans les raffineries. Reportage à Brie-Comte-Robert, à 25 kilomètres de Paris.

« A la station-service Coubert, j’ai fait la queue pendant trois heures et ils m’ont dit qu’il n’y en avait plus », souffle Nathalie, qui traverse la Seine-et-Marne depuis cinq jours pour trouver une station-service encore ouverte. Comme cette infirmière, de nombreux habitants des zones périurbaines voient leur vie complètement paralysée par la grève des raffineries.

« Là, je suis rentré dans le rouge, je n’ai vraiment rien d’autre, je ne sais pas si je vais travailler ou pas », déplore le professionnel de santé, qui visite la Brie-Comte-Robert. Elle s’est donc tournée vers les transports en commun. Problème : Le réseau est trop limité. Il n’y a qu’un seul bus le matin et il arriverait une heure et demie plus tôt. « Mon mari va m’emmener ou on ira par d’autres moyens. Faisons-lui un tour, trouvons un moyen », rassure Nathalie.

« Il faut qu’on ait un véhicule pour se déplacer ! Ça va être compliqué, on ne peut pas s’en sortir. »

Chameau, habitant de Brie-Comte-Robert

Ce gâchis de carburant est sur toutes les lèvres en Brie-Comte-Robert, comme dans l’une des boulangeries. Au comptoir, Sandrine estime parcourir une quinzaine de kilomètres pour se rendre au travail. Alors il a adapté sa conduite pour économiser au maximum le carburant : « Je roule moins vite, je fais attention le week-end, j’évite de sortir. Je vais juste au boulot : chez moi et boulot pendant trois, quatre jours. »

Les transports en commun sont parfois rares dans les zones rurales. (Morgane Heuclin-Reffait)

Elle se demande même si la situation va la forcer à dormir sur place. « Là où j’habite, je n’ai pas de gare, je n’ai pas de transport et même pour un trajet ce n’est pas possible avec mon emploi du temps… C’est compliqué », décrit Sandrine. Un peu plus loin dans la rue, Camel boit son café chez un buraliste. Il a anticipé. « J’avais prévu un peu. J’ai fait le plein de ma voiture et j’ai convenu avec mon collègue : on a pris ma voiture une fois, sa voiture une fois, pour éviter que la voiture ne roule toute la semaine », explique-t-il entre deux gorgées.

A ses côtés, Oscar est un artisan. Il rappelle que cette pénurie se traduit par des journées plus longues : « Les stations sont livrées vers 7 heures du matin. Impossible de faire autrement, ici le trajet le plus court ne peut se faire qu’en voiture.