La réfection du tunnel sonnera-t-elle la fin du triomphe de la monoplace ?

Mercredi matin, le président-directeur général du Conseil de commerce métropolitain de Montréal (CCMM), Michel Leblanc, en a surpris plus d’un en proposant l’interdiction des voitures en solo dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine aux heures de pointe. Son leadership a été récompensé; il a été applaudi par certains experts en mobilité et, mieux encore, François Legault, le premier ministre lui-même, s’est fait l’écho de la proposition et a dit qu’il y réfléchissait.

Imaginons donc qu’elle soit appliquée. Quoi de neuf? Une bonne partie de la population changera l’heure de son départ ; d’autres prendront les transports en commun ou choisiront le covoiturage ; d’autres déménageront aux ponts Jacques-Cartier et Samuel-De-Champlain. Rappelons que les seuils pour cette dernière utilisation sont déjà à 105% et 121% de leurs niveaux pré-pandémiques…

Soyons clairs, la proposition du CCMM est excellente, mais elle doit être complétée par d’autres mesures. C’est un constat simple que la campagne de communication du Ministère des Transports et de la Mobilité Durable s’intitule « Quel est votre plan B ? souligne l’ampleur du problème : la voiture est le plan A. Nous avons construit un système à travers lequel la voiture est importante.

Alors, que peut-on faire pour soutenir davantage de navetteurs ?

La solution évidente est de stimuler le covoiturage et les transports en commun. Un bon moyen d’y parvenir est de fournir des voies protégées, en particulier dans les zones très encombrées, telles que les ponts et les tunnels. Avec de la bonne volonté, cela peut être accompli en quelques semaines.

La logique est simple : si on peut doubler le nombre de personnes par véhicule, changer une voie publique en voie réservée équivaut à ajouter une voie.

Afin de maximiser l’utilisation de ces voies réservées – et donc de remplacer d’autres voies – un système de tarification peut être appliqué pour les usagers seuls qui souhaitent utiliser les voies réservées. De plus, cet argent peut être utilisé pour améliorer la qualité et la fréquence du système de bus interurbain, notamment par la mise en place d’un réseau d’éco-navettes – rappelons que les transports en commun existent déjà à travers « What’s your Plan B? ».

Cela dit, le problème demeure. Les gens aiment leurs voitures parce qu’ils les récupèrent au point A et les déposent au point B. Cependant, le transport en commun de banlieue n’offre pas cette flexibilité.

C’est là que l’autopartage et la micromobilité prennent racine, y compris, par exemple, les vélos et les scooters électriques.