Activité : deux études pour montrer les habitudes de déplacement des Corses

C’est un thème qui était au centre des débats en cette période de rentrée. La question de la mobilité est maintes fois évoquée et son impact écologique est présenté comme un enjeu majeur de la politique insulaire.

Depuis plusieurs années, deux enquêtes d’envergure ont été lancées par l’AUE, en partenariat avec plusieurs acteurs : Centre d’Etudes et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement (CEREMA), Communautés d’Agglomération Bastia et Ajaccio, Communautés d’Agglomération Bastia et Ajaccio, Corse collectivités, les services de l’Etat et la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI). Un besoin né d’un constat rappelé par Philippe Istria, responsable du service d’observation Terre-Habitat-Urbanisme de l’AUE : « Il faut connaître les pratiques de déplacement des populations pour mieux définir les infrastructures et les services de transport.

La première enquête, menée entre novembre 2016 et mai 2017, a rapporté des données sur les déplacements des insulaires en dehors de la saison touristique. La seconde, qui court du 15 juin au 15 septembre 2018, se focalise sur la période estivale et prend donc en compte les touristes autres que les riverains. « Au total, plus de 8 000 personnes ont été interrogées pour chacune grâce à une méthodologie spécialement adaptée, explique Philippe Istria. Nous avons divisé la Corse en quatre grandes zones, chacune avec au moins un point d’entrée, port ou aéroport, et une capacité d’accueil touristique.

Les trajets ont presque doublé en été

La forte variation démographique que connaît la Corse entre l’hiver et l’été a obligé à traiter les deux périodes séparément. Et les résultats de l’étude sont clairs sur la spécificité de la région en matière de déplacements. « Nous reconnaissons que la mobilité insulaire est très différente de celle observée sur le continent, explique Julien Paolini, président de l’AUE et conseiller exécutif en charge de l’aménagement du territoire. Cela s’explique par plusieurs facteurs et notamment l’utilisation occasionnelle de la voiture particulière pour de courts trajets à l’impact carbone important, ainsi que la qualité de l’air et de la vie de ses occupants.

Les deux enquêtes donnent des chiffres clés, intéressants à comparer avec la population estimée de l’île à 350 000 habitants. « Le jour moyen de la semaine, en hiver, c’est un million de voyages en Corse, toutes modes et raisons confondues, précise Philippe Istria, qui présentait la conférence ce matin-là. En été, on atteint 1,9 million, ce qui veut dire qu’on a augmenté de 90 % ! » explosion provoquée par le nombre de touristes, qui a augmenté durant l’été à environ 2,5 millions, représentant 53% de la population de l’île au cours de la période. Paradoxalement, cette augmentation se produit alors que les résidents ont tendance à effectuer moins de déplacements quotidiens en été.

2/3 du trajet en voiture

Cette variation colossale peut être alarmante si l’on regarde les modes de transport utilisés. « La voiture est populaire et représente environ les deux tiers des déplacements effectués, contre seulement un quart pour la marche, précise le responsable du service d’observation de l’AUE. Les transports en commun occupent un espace relativement réduit, qui diminue également l’été. »

En pleine Semaine européenne de la mobilité, les résultats étaient mitigés. « Les transports en commun, et notamment le réseau ferroviaire, doivent être encore plus développés, a déclaré Julien Paolini. Le rail est une priorité pour le Conseil exécutif, car c’est l’un des axes phares de la mobilité interne et si ce n’est pas possible. , les transports en commun pour desservir les zones rurales de l’intérieur. »

Les deux enquêtes, valables une dizaine d’années, constituent une base de travail solide. « Ces éléments nous permettent de mieux réfléchir aux politiques publiques que nous aurons à mettre en œuvre dans les années à venir, notamment en matière de mobilité douce », a déclaré le conseiller exécutif.

Alors que les contrats d’aménagement urbain devraient voir émerger les premiers contrats dès la fin de l’année prochaine, l’objectif de dédensification du centre-ville et de fluidification des liaisons entre les zones urbaines et périurbaines apparaît important pour favoriser la mobilité. « L’AUE a beaucoup fait, notamment dans le soutien à l’achat de véhicules électriques, mais nous devons faire plus, reconnaît Julien Paolini. C’est l’une de nos priorités pour les mois à venir. Maintenant, place à l’action.