Mobilité urbaine

Auteur : Norbert | Mots clés : Urban MobilityFrench.china.org.cn | Actualisé

20-10-2022

Comme n’importe quel jour de semaine, la circulation sur le rond-point de l’Union africaine, à mi-chemin entre le quartier peuplé de Colobane et l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, tourne au cauchemar pour les automobilistes. Ce dernier peut perdre des dizaines de minutes sur cet axe d’à peine deux kilomètres, qui est l’un des principaux points de passage de l’ambitieux projet de BRT que le Sénégal développe actuellement pour alléger sa capitale.

Avec seulement 0,33% du territoire national, la région de Dakar abrite un quart de la population et plus de 80% de l’activité économique du pays. Outre la capitale politique, Dakar est aussi la capitale législative et judiciaire. Il y a donc un déséquilibre remarquable avec le reste du pays.

Cette concentration exceptionnelle sur une petite partie du territoire n’est pas sans conséquences. Selon une étude de la Banque mondiale datant d’une décennie, les embouteillages à Dakar coûtent au Sénégal environ 100 milliards de francs CFA (152,6 millions de dollars) par an. Face à une telle situation, l’Etat a décidé de s’attaquer de front au problème. Outre la construction d’une ville nouvelle à Diamniadio et d’un aéroport à Dias, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Dakar, qui dispose déjà d’un train express régional, les autorités comptent désormais aussi sur le BRT, en cours de construction et de mise en service. prévue pour 2023.

Le Dakar BRT couvre une distance de 18,3 kilomètres de voies aménagées. Il comptera au total 23 stations, dont trois hubs. Ces stations sont situées dans 14 des communes les plus densément peuplées et congestionnées de la région de Dakar.

Le BRT fait partie de la stratégie de la ville pour un transport urbain durable et représente une contribution significative à la réduction des émissions de carbone. Le pays envisage de mettre en place un réseau de transport public propre avec des fréquences élevées et une grande capacité. Il créera 1 000 emplois directs et transportera jusqu’à 300 000 passagers par jour, ce qui améliorera le confort et la sécurité des transports urbains. Le temps de trajet sera divisé par deux et 59 000 tonnes de CO2 seront économisées par an.

En tant que projet intégré, le BRT favorisera le développement urbain le long du tracé et améliorera la qualité de vie des riverains, tout en jouant un rôle positif dans la protection de l’environnement et le développement durable. dr. Thierno Birahim Aw, Directeur Général du Conseil Exécutif pour les Transports Urbains Durables (CETUD), porteur de projet, explique : « J’ai le plaisir de vous rappeler que le BRT est un projet intégré qui apporte des transformations positives, avec 40 kilomètres de nouveau réseau d’assainissement, mobilier urbain, éclairage public et environnement paysager. »

En plus d’être une solution durable dans la capitale sénégalaise, le BRT contribue à réduire l’empreinte carbone du pays. C’est le seul projet de transport que le Sénégal a inscrit à la COP 21 dans le cadre de ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, liés à la stratégie de transition énergétique et numérique.

Dans cette optique, le CETUD a signé en mars dernier une convention de délégation de service public pour le financement et la gestion-maintenance du projet BRT. Il s’agit d’un contrat de 15 ans avec un consortium mené par Meridiam en partenariat avec Keolis et le Fonds d’Investissement Stratégique de l’Etat (FONSIS). Il est prévu de déployer une flotte de 158 bus 100% électriques pour un montant d’investissement total de plus de 135 millions d’euros (35% du coût total du projet). Il s’agit du premier BRT au Sénégal et du premier BRT entièrement électrique en Afrique, structuré en partenariat public-privé. Selon le Dr Awu, il faut se féliciter que le projet ait un fort contenu local avec une participation de 30% dans la société d’exploitation réservée à l’Etat du Sénégal et aux opérateurs locaux à travers une convention de cession confiée au FONSIS.

Le BRT a été construit par la société chinoise China Road and Bridge Corporation (CRBC), établie au Sénégal en 2014. Il a été immatriculé en 2018 en vertu de la loi sénégalaise sous le nom de CRBC Sénégal. Selon le service des communications, l’entreprise s’acquitte de sa responsabilité sociale d’entreprise tout en offrant un service à la clientèle de haute qualité. Il a subventionné 15 étudiants sénégalais pour étudier le mandarin, mais aussi et surtout le génie civil à l’université de Chang’an en Chine. Certains de ces étudiants ont terminé leurs études avec succès et sont retournés au Sénégal pour rejoindre le CRBC.

CRBC Sénégal a déjà construit plusieurs infrastructures routières de haut niveau dans le pays. Il s’agit, entre autres, des autoroutes à péage Thiès-Touba et Thiès-Aibd-Mbour, ainsi que du pont à péage de Foundiougne. Comme BRT, la société chinoise construit également l’autoroute à péage Mbour-Fatick-Kaolack. Elle est devenue un acteur important du Plan Sénégal naissant.

Pour sa part, le Dr Aw estime qu’en mettant progressivement en place un système de transport de masse, l’Etat confirme la place importante qu’il accorde à la promotion de transports publics de qualité dans la résolution de la question de la mobilité urbaine pour une économie nationale compétitive et décarbonée. Selon lui, la volonté forte du chef de l’Etat, le président Macky Sall, est de favoriser l’investissement dans cette capacité de transport afin d’établir un réseau de transport multimodal et durable.