Ouverture progressive à la concurrence : la NUPES trahit les cheminots de la région Centre-Val de Loire

Crédits photos : La Nouvelle République

Le 30 juin, la majorité PS-PCF-EELV-LFI du Conseil régional Centre-Val de Loire a voté avec quelques élus de droite une nouvelle convention TER signée avec la SNCF.

Une convention qui signe une trahison ouverte de la NUPES

Adopté à la majorité, l’accord maintient la SNCF comme opérateur des lignes TER ce qui, à première vue, va à l’encontre des clauses actuelles d’ouverture à la concurrence qui se déclenchent dans la plupart des régions. Sur le même sujet : Toulouse : pourquoi Tisséo augmente ses prix alors que Montpellier est libre. Mais à y regarder de plus près, l’accord prévoit en réalité une ouverture progressive à la concurrence d’une partie des lignes TER de la région à partir de l’année 2030, anticipant même de plusieurs années le cadre fixé par la loi de 2018 « pour un nouvel accord ferroviaire ».

C’est ce qu’a officialisé la SNCF dans un communiqué où la direction précise que « l’accord prépare l’avenir et le contexte d’ouverture à la concurrence avec une éventuelle ouverture progressive au cours des deux dernières années de l’accord ». soutenir l’évolution vers l’ouverture complète du marché prévue par la loi. »

Une convention qui décrète également un budget régional d’économies sans précédent sur la question des transports. Comme le rapporte un article de La République Du Centre, l’accord réduit de 39 millions d’euros par an la contribution allouée par la région au réseau public de transport ferroviaire. Le président du PS de la région François Bonneau est plus direct puisqu’il salue, comme le rapporte France Bleu, un accord plus « onéreux » qui permet de réduire la facture de 260 à 215 millions d’euros. Autrement dit, l’austérité pour compresser davantage le coût du service public au détriment des cheminots.

Dès lors, la signature et l’initiation de cet accord avec la SNCF par la majorité PS-PCF-EELV-LFI, constitue une trahison ouverte des cheminots et des usagers, alors que Karin Fischer, élue régionale LFI, prétend que cette convention moins mal ce qui arriverait . poursuivre en cohérence avec le « programme NUPES partagé » qui « défend une SNCF publique 100% réunifiée »… Une situation inacceptable, qui revient à accepter et à soutenir l’ouverture à la concurrence et l’austérité budgétaire, ce que les syndicats ferroviaires démentent localement.

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Ouverture à la concurrence et baisse de budget : une convention contre les conditions de travail des cheminots et les usagers

« A partir de 2030, 30% du trafic sera ouvert à la concurrence et 30% supplémentaires en 2031. Tous permanents. Ou encore moins », a expliqué Marion Gazeaux, secrétaire de la CGT Cheminots à Orléans-les Aubrais, interrogée dans La République du Centre au sujet de ce nouvel accord. Sur le même sujet : Bordeaux Métropole : Keolis favori pour les transports publics jusqu’en 2030. Lors d’un rassemblement organisé par l’intersyndicale CGT Cheminots – CFDT – UNSA – Sud Rail devant le siège du Conseil régional le jour du scrutin, le syndicaliste a donc dénoncé l’effet de ce nouvel accord qui prévoit « un augmentation de près de 11 % des trains circulant » dans un contexte où les conditions de travail sont déjà dégradées par le manque de personnel : « Le 26 avril, nous avons appris que nous allions supprimer 40 emplois ferroviaires en région Centre à partir de 2023, dont 19 à Orléans et aux Aubres. Et en septembre, on parlera des managers. « 

Véritable colère des cheminots face à la possibilité de voir leurs conditions de travail se détériorer. Et pour cause, de nombreux salariés d’entreprises privées de transport public alertent déjà sur les conséquences de la privatisation du secteur et dénoncent des conditions de travail « inhumaines ». Comme les chauffeurs de bus Transdev en Île-de-France qui expliquent « ne même pas pouvoir aller aux toilettes entre les tournées ». Des conditions de travail qui ont conduit sur de nombreuses lignes à une situation où « il y a tellement de patients que le directeur recrute des intérimaires », avec des conséquences pour les usagers : de plus en plus de prestations non couvertes, des temps d’attente qui s’allongent et des bus bondés.

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Ouverture à la concurrence anticipée : la NUPES tente de noyer le poisson

En réponse aux critiques, la majorité de la gauche régionale PS (19 élus) – EELV (5 élus) – PCF (6 élus) – LFI (2 élus) qui ont voté à l’unanimité pour cette convention renverse (dans le même journal) que le la coupe budgétaire était justifiée par l’acquisition de « trente-deux nouvelles rames TER », les nouveaux équipements permettant d’économiser sur la maintenance. Sur le même sujet : Côte d’Ivoire : les véhicules de transport en commun suspendus. En revanche, il fait valoir que « le Centre-Val de Loire est la seule Région qui n’a pas activé la manche d’ouverture de la compétition ».

De même, Karin Fischer, l’une des deux élues LFI, avec Aymeric Compain, après avoir voté pour ce nouvel accord au Conseil régional, confirme que seul le texte prévoit la possibilité d’une ouverture à la concurrence « à l’issue de sa durée en raison de dispositions légales nationales ». obligations », en transférant la responsabilité aux « gouvernements de droite et assimilationnistes ». Pourtant, s’il est vrai que les premiers TER privés pourraient circuler dès 2024-2025 dans certaines régions dirigées par la droite comme la PACA ou les Hauts-de-France, le Grand Est et les Pays de la Loire – les premiers TER privés. Reste que la convention adoptée par le Conseil régional Centre-Val de Loire ouvre également la voie à la privatisation.

Mon intervention au Conseil Régional pour un service public ferroviaire unifié et accessible à tous. La Convention TER signée pour 10 ans avec la #SNCF évite pour l’instant l’ouverture à la concurrence (non merci UE + gvt), mais il faudra #NUPES gvt pour redonner aux chemins de fer un bien commun. pic.twitter.com/hyOCOgjmDR

– Karin Fischer?￰゚ヤᄎφ (@KarinFischerFI) 4 juillet 2022

En effet, bien que la durée de l’application soit de dix ans, l’accord avec la SNCF ne sera prolongé que de sept ans et demi. Avec « la concurrence au bout du tunnel » dès 2030 dément Marion Gazeaux, qui précise que cet accord met donc en oeuvre « une prévision à deux ans sur l’accord et près de quatre ans par rapport aux obligations légales ». Par ailleurs, le tract entre syndicats explique que les nombreuses lignes ferroviaires ouvertes à la concurrence à partir de 2030-2031 seront définies à 2025, alors qu' »il n’y a pas d’obligation légale de créer des lots, ni de lancer des appels d’offres avant la fin du contrat ». du contrat ».

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Baisse de budget et chasse aux fraudeurs : à qui la NUPES veut-elle faire payer la crise sociale et climatique ?

Dans la même intervention, Karin Fischer précise également que « la majorité régionale s’engage à instaurer la gratuité des transports pour les jeunes de 18 à 25 ans, avec une mise en place que nous espérons rapide » ainsi qu’à « travailler sur la tarification sociale du REMI ». Network [Interurban Mobility Network, ndlr] qui peut aller jusqu’à la gratuité ». Pourtant, cette promesse de campagne n’a toujours pas été tenue comme le souligne France Bleu : « la promesse de transport gratuit de Rémi pour les moins de 26 ans, la promesse de campagne du candidat sortant, s’il doit encore être dans les cartons, son timing est encore inconnu ». « . Dans le même temps, cependant, La République du Centre note qu’en plus de réduire les budgets alloués au transport ferroviaire de 39 millions d’euros par an, la Région Centre-Val de Loire a prévu d’augmenter ses recettes « en renforçant » la lutte contre la fraude. » .

Cet accent programmé sur « la lutte contre la fraude » et le refus de mettre en place des transports publics gratuits pour tous, et notamment les plus précaires, montre que la majorité régionale inscrit sa politique des transports publics dans une logique de recherche de rentabilité économique à tout prix. Quitte à réduire l’accès aux transports en commun pour les populations les plus démunies, notamment les travailleurs précaires, les étrangers ou les chômeurs non comptabilisés qui sont exclus des dispositifs d’aide sociale.

Au contraire, le contexte marqué par la crise climatique et l’inflation record, qui rend le prix des billets de train de moins en moins abordable pour les travailleurs et les classes populaires, rend urgente l’extension de l’accès aux moyens de transport écologiques comme le train. Contrairement à « la lutte contre la fraude » et à la privatisation, une véritable politique écologique et sociale devrait s’efforcer de rendre les transports publics entièrement gratuits. Une mesure qui devrait être financée par un impôt très progressif sur les grandes fortunes et les grandes entreprises, car ce n’est pas aux classes populaires de payer la crise écologique et sociale mais aux grandes entreprises.

Une première trahison de la NUPES au service des politiques néo-libérales

Le vote de cette nouvelle convention n’est pas une surprise de la part des élus PS – le Conseil régional est présidé par le « socialiste » François Bonneau – dont le rôle au service des politiques néolibérales doit être bien établi. Quant aux élus d’EELV qui ont présenté une plateforme programmatique aux élections régionales et départementales de 2021 où le projet apparaissait pour « rendre gratuits les transports publics régionaux » et « viser la gratuité des transports pour les jeunes et les personnes à faibles ressources », ils confirment leur l’intégration dans le système depuis des années et la mise en œuvre de leur véritable programme : un résumé des mesures antisociales qui visent à faire payer les classes populaires pour la crise écologique.

Du côté de LFI, il s’agit pourtant de la première trahison des cheminots et des usagers depuis la constitution de la NUPES. Le vote de cette nouvelle convention TER va à l’encontre des promesses électorales contenues dans L’Avenir en Commun, telles que « désobéir aux paquets ferroviaires européens pour bloquer une ouverture à la concurrence du trafic intérieur de voyageurs prévue pour 2023 » et « garantir à chacun la liberté de venir et go, qui implique un droit à la mobilité, les transports en commun urbains seront gratuits pour les moins de 18 ans et les chômeurs », mais aussi du programme NUPES pour défendre une « SNCF publique 100% réunifiée ».

Alors qu’au lendemain des législatives, Alexis Corbière (LFI) présentait la NUPES comme un nouvel outil pour faire « tout ce qui est bon pour les milieux populaires et le monde du travail », le vote unanime des élus de la majorité régionale montre que il y a une stratégie LFI et NUPES montrent que, à part de petites différences, les mêmes politiques sont finalement mises en œuvre contre les travailleurs et les classes populaires : un rassemblement pour des politiques néolibérales sous le faux nom d’économique et politique une réalité qui impose l’incertitude et dommages généraux aux conditions de travail.

Face à la casse des transports publics, la nécessité d’un plan de bataille dans la lutte des classes

Contrairement à tout compromis entre les intérêts des grands patrons du secteur des transports et les politiques d’austérité mises en œuvre par les gouvernements successifs de droite et de gauche, il s’agit de construire la réponse de terrain à la lutte des classes, par la grève et l’auto-organisation des travailleurs et usagers des transports publics. Face à la privatisation des transports publics, il s’agirait d’imposer un vrai plan de bataille, sur le terrain qui permette vraiment de construire un rapport de force, la lutte des classes, les grèves et les manifestations. Il s’agit d’imposer un véritable plan de bataille aux dirigeants syndicaux, de protéger les services publics et de lutter pour la possibilité d’une entreprise solidaire sous le contrôle des travailleurs et des consommateurs plutôt que des employeurs, pour des transports gratuits vers un véritable service écologique. transformer.

Plus généralement, cette trahison ouverte de la NUPES montre la nécessité de rejeter l’illusion que l’on pourrait construire le moindre rapport de force en « économisant un kilomètre de manifestation ». Au contraire, contre toute réconciliation avec la direction de la SNCF, qui tente d’utiliser cet accord pour accélérer la cure d’austérité qui touchera principalement les cheminots, nous devons remettre nos revendications et la lutte des classes au premier plan, dans la rue etc. entreprises, plutôt que les discussions dans l’hémicycle ou les couloirs déroutants de l’Assemblée nationale. Dans ce contexte, et bien que la lutte puisse rapidement reprendre ses droits, l’urgence est plus grande que jamais de construire une gauche révolutionnaire qui prépare activement cette perspective et l’intervention dans les processus est à venir.