Pénurie de carburant. ZFE à Toulouse, l’équation impossible : riverains interdits de circulation faute de poussière

A partir de mars 2022, une Zone à Basses Emissions a été mise en place dans la métropole de Toulouse dans le département de la Haute-Garonne. Son objectif : à terme, éloigner les voitures les plus polluantes des routes. Mais certains condamnent le projet qui discrimine les classes laborieuses. Tandis que le Mondial de l’Automobile à Paris vante une voiture électrique.

Depuis plusieurs mois maintenant, il faut montrer patte blanche pour franchir le contournement toulousain (Haute-Garonne). Car à partir de mars 2022, la Zone à faibles émissions (ZFE) permet aux métropoles d’exclure des routes les véhicules les plus polluants. Le dispositif a été introduit par la loi d’orientation mobilité en 2019 et la loi climat en 2021, déjà mises en place dans 11 métropoles, dont Toulouse et Montpellier. Objectif? Combattez la pollution de l’air et réduisez les émissions de particules fines qui causent 40 000 décès prématurés chaque année.

Cette ZFE, qui s’étend de Toulouse à une petite partie de Colomiers et Tournefeuille, interdit les véhicules utilitaires et les poids lourds hors classement ou est agrémentée d’une vignette Crit’air 5 et 4. polluants dans l’atmosphère, 5 étant le plus polluant.

Progressivement, les véhicules autorisés dans cette zone devront être de moins en moins polluants. A partir du 1er janvier 2023, l’exonération s’appliquera à tous les véhicules automobiles Crit’air 4, 5 et non classés. L’année suivante, les vignettes Crit’air 3 seront à leur tour exclues. Ce jour-là, seuls les véhicules avec certificat Crit’air 2, 1 et les véhicules certifiés électriques ou hydrogène seront autorisés à circuler dans la zone. Les catégories qui s’appliquent actuellement à 65 % des vignettes Crit’air de l’agglomération toulousaine.

La région est la mieux équipée en bornes de recharge pour voitures électriques

Sur les routes d’Occitanie, seuls 22 261 véhicules roulent à l’électricité ou à l’hydrogène. Chiffre très faible par rapport aux attentes notamment du gouvernement. Il s’agit de prix trop élevés face à des aides encore limitées qui contribuent à l’envolée des coûts de l’énergie.

De plus, les délais de livraison ayant augmenté avec le Covid, les particuliers et les entreprises se tournent vers l’achat de voitures d’occasion sans perdre de vue leur impact environnemental.

Un constat regrettable dans la région considérée comme la mieux équipée de France en bornes de recharge pour véhicules électriques, avec 128 bornes pour 100 000 habitants.

Les transports en commun, la pierre angulaire

Problème : comment les autres vont-ils se déplacer ? « Cette interdiction des vieilles voitures punira les classes ouvrières qui n’ont pas les moyens d’acheter une voiture plus récente. Les habitants résidant hors de l’agglomération toulousaine sont en effet exclus des aides car non-résidents, alors qu' »ils s’y déplacent quotidiennement pour travailler, se faire soigner, se former… », regrettent les conseillers métropolitains toulousains, les conseillers départementaux de Haute-Garonne et Conseillers de la région Occitanie dans le communiqué de presse du 4 octobre 2022.

« La clé du succès d’EPZ est la capacité à créer des alternatives pour que le conducteur puisse trouver un mode de transport efficace. Les transports en commun sont la clé de voûte de la qualité du système de transport de la ville », précise Laurent Chapelon, professeur à l’Université Paul Valéry Montpellier 3, responsable du Master Transport et Mobilité en réseau.

Développement du réseau de transports en commun, pouvant inclure l’ouverture d’une troisième ligne de métro et d’une nouvelle ligne de RER. Un projet qui permettra de désengorger le nord toulousain, mais qui stagne au stade de discussion.