Présidentielle au Brésil : le préfet de la police des transports soupçonné d’inciter à l’abstention

Fichier de l’élection présidentielle brésilienne 2022

Des contrôles policiers inattendus dans les rues, notamment dans le Nordeste, fief de Lula, ont fait craindre des tentatives de blocage de certains électeurs. La commission électorale intervient, une enquête sera ouverte.

« Laissons Nordeste choisir  ! » Deux heures avant la clôture du scrutin au Brésil, le hashtag avait pris le contrôle de Twitter. « Un coup d’État est en cours, vraisemblablement sur le même réseau social que le politologue Christian Lynch. L’objectif est d’empêcher les pauvres d’aller voter, en utilisant à cet effet la Policia Rodovaria Federal (PRF) », ou police de rue, qui a doublé dimanche le contrôle des bus transportant des électeurs, notamment dans le Nordeste défavorisé. Le quartier est un fief de Lula, et c’est là que se jouera l’élection présidentielle.

L’avertissement a été lancé sur Twitter par Charles Camarense, maire de Cuité, une ville de l’intérieur de la Paraíba, l’un des neuf États du Nord-Est. Posté devant le véhicule du PRF, il a dénoncé dans une vidéo « un barrage routier pour empêcher les gens de venir voter pour notre président Lula ». Affirmant avoir reçu des témoignages similaires de « plusieurs endroits », et notamment de Pernambouc, un autre Etat du nord-est, il soupçonne des « opérations organisées ». Selon Folha de São Paulo, le principal quotidien brésilien, qui a accès aux rapports internes du PRF, 514 opérations de contrôle ont été menées jusqu’à la seule mi-journée, soit 70% de plus que lors du premier tour du 2 octobre… Selon la chaîne d’information en continu GloboNews , la moitié de ces contrôles ont été effectués dans le Nordeste. A Rio de Janeiro aussi, les électeurs ont dénoncé les barrières de la police militaire (équivalent de la gendarmerie). Sur le pont reliant la ville à la ville voisine de Niterói, où le patron du Parti travailliste (PT) l’a emporté dès le premier tour, deux camions de l’armée ont aidé le PRF.

Le Golput, qui est généralement plus élevé au second tour, déterminera le résultat du vote. Ce phénomène touche principalement les électeurs les plus pauvres, à savoir la base dirigeante de gauche. Pour garantir le droit de vote, la Haute Cour électorale (TSE), l’autorité qui contrôle les scrutins, met en place la gratuité des transports en commun dans toute la région le jour du scrutin… A la demande de Lula, qui s’inquiète de l’utilisation des voies de police Pour empêcher le vote, le tribunal électoral a également interdit, samedi, au PRF de procéder à des inspections sur les véhicules de transport public (publics et privés) dans le cadre d’une procédure de condamnation contre le directeur général de la police de la circulation, Silvenei Vasques.

Partisan du président sortant, Jair Bolsonaro, qu’il a publiquement appelé à voter, ce dernier a été convoqué sous peu ce dimanche par le président du TSE, Alexandre de Moraes. A la fin de l’entretien, il a assuré que l’opération serait stoppée et que cette inspection n’avait d’autre but que de faire respecter le code de la route. Selon lui, aucun électeur n’a été empêché d’exercer son droit de vote en raison du contrôle qui n’a pas duré plus de vingt minutes. Alexandre de Moraes semble s’être fié à cette version, mais une enquête sera ouverte pour déterminer s’il y a eu abus de pouvoir.