Sanofi. Grève nationale et blocus de sites pour augmenter les salaires jusqu’à l’inflation

Crédits photos : Twitter CGT Sanofi

Le géant pharmaceutique Sanofi est actuellement en mouvement de grève national touchant 14 sites en France. Dans le cadre des NAO (négociations annuelles obligatoires), différentes usines du groupe se sont mobilisées pour exiger des hausses de salaires supérieures à l’inflation. Après plusieurs jours de mobilisation – le 15 novembre à l’appel de la CGT huit sites étaient en grève ou après un appel intersyndical le 18 novembre -, à partir de lundi, les salariés sont appelés à faire grève trois jours de suite.

Selon les sites, diverses organisations syndicales appellent ensemble à la grève jusqu’à mercredi, jour de la dernière réunion du NAO. C’est à cette occasion qu’une manifestation est appelée devant le siège de Sanofi.

Actuellement, certains sites connaissent une très forte mobilisation. Par exemple, à Val-de-Reuil (Eure), où sont produits les vaccins contre la grippe, plus de 200 grévistes ont mis en place un blocus depuis lundi matin. Sur le site de Lisieux, en Normandie, près de la moitié des salariés sont en grève, après deux grèves mardi puis vendredi dernier. Un site où la question de la grève est particulièrement sensible, car dédiée à la production de Doliprane, qui a déjà été particulièrement sous pression ces dernières semaines. C’est aussi le cas chez Sanofi le Trait en Seine-Maritime avec 300 salariés mobilisés pour lesquels la direction a appelé la gendarmerie qui est venue forcer le blocage du site mardi.

La #Gindarmeria impose le blocage des grévistes du site de sanofi Le Trait pour faire sortir les camions. La direction augmente la pression, et ce n’est pas bon. La force des provocations de #Sanofi est de jouer avec le feu. pic.twitter.com/ZQsITXnZYB

— Cgt Sanofi (@CgtSanofi) 22 novembre 2022

Christophe, adjoint au délégué central du syndicat CGT Sanofi, résume ainsi les raisons de la colère : « Ce que je demande là, c’est dans quoi nous sommes aujourd’hui : si vous regardez entre novembre 2020 et novembre 2022, le litre de gazole a pris 60.%. Le problème pour nous c’est qu’on ne peut pas aller en transport en commun, il y a une bonne partie des salariés qui habitent entre une demi-heure et une heure en voiture du site. Par exemple, ça me fait 44 km par L’augmentation du carburant est très importante dans le budget. Et ne vous méprenez pas, le panier a également pris une claque. Tout a augmenté, c’est fou.

Or, face à cette réalité d’explosion des prix, la direction n’a proposé qu’une augmentation collective de 3 %, une augmentation individuelle de 1,5 %, au mérite, et une prime de 1 000 €, lors de la négociation du mardi 15 novembre. C’est donc en toute légitimité que les salariés se mobilisent pour obtenir une rémunération conforme à l’inflation !

Les revendications des grévistes influencent également la question de l’embauche. A titre d’exemple, le site de Lisieux compte 239 CDD, 80 CDD et 207 CDD. Christophe explique ce besoin d’embauche en CDI face au développement des contrats précaires : « L’intérim c’est au maximum 18 mois, dans des chantiers comme le nôtre, c’est en moyenne six semaines de formation. Dès que la personne part, elle en prend une autre que tu entraînes et puis ça continue… On passe plus de temps à former les intérimaires qu’à nous former. C’est pourquoi nous demandons également des emplois. Mais quand on les demande, c’est pour des postes permanents. Cela signifie qu’au même poste, il n’y a que des intérimaires depuis des années. »

Pour l’instant, la direction ne cède pas aux revendications des grévistes, mais elle en a les moyens. En effet, le géant Sanofi a déclaré le mois dernier que son bénéfice par action ajusté pour 2022 avait augmenté d’environ 16 %, tandis que son résultat opérationnel avait augmenté de 26,5 % au troisième trimestre, pour atteindre 4,5 milliards d’euros. Des chiffres exceptionnels obtenus grâce au travail des salariés qui souffrent aujourd’hui de l’explosion des prix. Ainsi, en se mobilisant en grève pour l’augmentation des salaires, les grévistes de la multinationale du médicament montrent la voie pour lutter contre l’inflation.