TÉMOIGNAGE. J’ai testé pour vous… une semaine sans voiture (ou presque) à Mayotte

Maïmoun, un observateur « au premier rang » de Mayotte, a tenté de rester sans sa voiture pendant une semaine. Son objectif? Réduisez votre impact sur l’environnement en réduisant les émissions de gaz à effet de serre causées par le transport. Un défi un peu fou car l’île n’a pas de réseau de transport en commun. Elle raconte son expérience.

Au 1er rang

Publié le 12 juillet 2022 à 16h51, mis à jour le 12 juillet 2022 à 17h19

Impossible de faire durer le suspense : vivre une semaine sans voiture à Mayotte est une mission presque impossible. En revanche, se déplacer de manière plus écologique (et économique) c’est possible ! Pendant une semaine, je me suis interdit d’utiliser la voiture afin de partager les coûts environnementaux et financiers du transport. Je suis repartie agréablement surprise et motivée pour changer mon comportement sur le long terme. Voici le récit de ma semaine.

Ces taxis sont un peu comme nos « transports en commun » à Mayotte. Mais ce n’est pas toujours facile, surtout si vous êtes pressé ou s’il faut être ponctuel pour aller travailler, ce qui est mon cas. Soit ils attendent de faire le plein avant de partir, soit au contraire il n’y a pas de place, c’est un mode de transport assez incertain. Du coup j’avais un peu peur car ce n’est pas toujours facile de trouver un taxi avec une place libre. J’ai planifié bien à l’avance, juste pour être du bon côté. J’ai finalement eu de la chance, je l’ai trouvé très rapidement et je me suis mis au boulot à l’heure… idem pour le retour !

En revanche, d’un point de vue économique, un taxi collectif n’est pas forcément une bonne affaire. J’ai dépensé 4 € pour un aller-retour assez court, une dizaine de kilomètres au total.

C’est mon premier… et j’ai un peu peur de ce jour. J’ai peur de ne pas arriver à l’heure, et surtout de ne pas tomber sur des inconnus.

Heureusement, j’ai pu compter sur la générosité de Mahorai et j’avais ma bonne étoile avec moi ! J’ai rencontré des connaissances qui étaient heureuses de m’emmener faire un tour. Après 15 minutes d’attente, un ami d’enfance est venu me chercher et m’a accompagné à mi-chemin. Presque immédiatement, j’ai trouvé une autre voiture, cette fois avec un inconnu, mais très sympathique.

En tout cas, la voiture ne me manque pas du tout, au contraire ! C’est un soulagement de ne pas être au volant et de ne pas souffrir des embouteillages.

J’ai dû reprendre le volant pour des raisons personnelles, mais je ne lâche pas le défi ! Hier j’ai profité de la générosité des Mahorais, alors aujourd’hui je les rembourse en partageant une voiture, et cette fois je récupère des auto-stoppeurs avec ma voiture.

J’ai rencontré des amis qui voulaient aller à Mamoudzou, la capitale de Mayotte, et je les ai emmenés avec une autre personne, que je ne connaissais pas. Résultat : beaucoup d’embouteillages, je regrette clairement les deux jours précédents. Le voyage va beaucoup plus vite quand vous êtes du côté passager.

Et ça m’a donné une idée, pour le lendemain ou le prochain défi : marcher jusqu’au boulot ! Il fait environ 5 kilomètres, c’est tout à fait faisable. Peut-être que je le ferai le dernier jour de ce défi. Mais dans tous les cas, ces moments de partage, de covoiturage, sont des moments de pur bonheur, je recommande à tous d’arrêter de voyager seul en voiture.

Aujourd’hui, mes collègues me conduisent au travail et, petite particularité, ils parlent tous les deux le Shibushi (une des trois langues parlées à Mayotte), alors que moi non. Mais j’essaie d’apprendre cette langue depuis un certain temps déjà, ce qui rend le voyage encore plus agréable. C’est un voyage pédagogique !