TRIBUNE. « Monsieur le Président, éteignez les écrans » : les associations interpellent Emmanuel Macron sur

Selon le groupe d’associations, le décret, qui prévoit l’interdiction des écrans publicitaires lumineux entre 1h et 6h du matin, n’est pas suffisant. Confrontés à une « crise écologique et sociale, dans le contexte de la crise énergétique et de la promotion de la sobriété », ils appellent à leur extinction définitive.

Les associations Résistance à l’agression publicitaire, Greenpeace, Alternatiba, Plein la Vue, réunies dans un collectif, attirent une nouvelle fois l’attention sur les écrans publicitaires lumineux et interpellent le président de la République dans un texte publié par franceinfo ce mardi 13 septembre. Ils pointent le caractère énergivore de ces affichages alors que les prix de l’électricité et du gaz en Europe atteignent des niveaux historiques depuis le début de la guerre en Ukraine et que la France s’apprête à mettre en place des mesures de sobriété énergétique pour lutter contre le réchauffement climatique. Pétition à l’appui, les associations réclament que « l’extinction définitive » de ces écrans publicitaires numériques est « une mesure urgente, juste socialement et écologiquement », et le projet de décret ne prévoit l’interdiction des publicités lumineuses entre 1 et 6 dans le Matin.

Au plus fort de l’été, le gouvernement a annoncé un important plan de sobriété énergétique en réponse à la grave crise énergétique que traverse l’Europe. Les mesures adoptées doivent renforcer notre indépendance énergétique et réduire nos consommations de 10% d’ici 2024. Avec cette pétition, nous prônons une mesure urgente, socialement et écologiquement juste : l’arrêt complet des écrans publicitaires numériques.

« Nous vivons la fin de ce qui pourrait ressembler à l’abondance », a déclaré le président Emmanuel Macron dans un discours le 19 août. Les écrans publicitaires en sont le symbole : ils contribuent au gaspillage d’énergie et de ressources, ils sont nocifs pour la santé et la biodiversité, ils se répandent dans les centres commerciaux, les gares, les transports en commun, les espaces publics et les vitrines, exposant les citoyens à des pression publicitaire. Ils incitent à la surconsommation, contribuent à la pollution lumineuse et sont majoritairement utilisés par les grandes entreprises, au détriment des commerces de proximité. Dans un rapport publié en 2020, l’ADEME estimait la consommation d’un écran de 2 m2 à 2 000 kWh/an, soit quasiment l’équivalent de la consommation annuelle d’un ménage (sans chauffage ni eau chaude).Ils sont de plus en plus marqués par l’urgence écologique et son social, dans le contexte de la crise énergétique et de l’incitation à la sobriété.

Leur interdiction est réclamée depuis plusieurs années :

• En février 2020, une tribune signée par 160 personnalités, parlementaires et scientifiques du JDD appelle le gouvernement à stopper leur propagation. • En juin 2020, la Convention citoyenne pour le climat a inscrit leur interdiction parmi ses 149 propositions – ce qui n’a pas été retenu dans la loi climat et résilience. • En juin 2022, le rapport Avenirs énergétiques 2050 de RTE – le gestionnaire du réseau électrique – appelait à la « suppression progressive des écrans publicitaires » pour économiser l’énergie et limiter les incitations à l’usage.

L’arrêt décidé par le gouvernement des enseignes et publicités lumineuses la nuit (2) est une réponse nécessaire mais dérisoire qui ne permet pas de débarrasser définitivement nos espaces publics, gares et transports en commun des écrans publicitaires.

Nous attendons du Plan Sobriété Énergétique qu’il adopte des mesures structurantes visant les usages collectivement identifiés comme accidentels ou nocifs. Nous nous attendons à ce que l’agenda de la sobriété soit guidé par l’impératif de justice sociale et de transition écologique.

Il est temps de passer à l’action, Monsieur le Président : éteignez les écrans.

Collectif porteur de la pétition : Résistance à l’agression publicitaire, Greenpeace, Alternatiba, Plein la Vue.

(1) Dans son rapport Avenirs énergétiques 2050, publié en février 2022, le Réseau de transport d’électricité (RTE) indique qu’environ 9 000 écrans ont été installés en 2019, soit une augmentation de 20 % par an.

(2) Le décret à publier doit « [généraliser] l’interdiction des publicités lumineuses quelle que soit la taille de la ville, entre 1 et 6 heures du matin, à de rares exceptions telles que les gares et les aéroports qui ne sont pas fermés la nuit ». Cependant, une ordonnance promulguée dans le cadre de la loi Grenelle précise déjà ces horaires d’incendie dans la plupart des villes et n’est actuellement pas pleinement appliquée. De plus, éteindre la nuit ne résout pas le problème des pics de consommation à midi et en soirée.

Charlotte Ribaute, co-présidente de Resistance to Advertising Agression Jean-François Julliard, directeur de French Greenpeace Anthony Geoffroy, co-président du collectif Plein la vue Eric Piolle, maire EELV de Grenoble Morgane Créach, directrice générale de Climate Action Network Emma Tosini , porte-parole de l’ANV-COP21 Alex Montvernay, porte-parole d’Alternatiba Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France Juliette Franquet, directrice de Zero Waste France Nicolas Guilbaud, président d’I-buycott Raphaël Pradeau, porte-parole d’AttacClaire Morcant, membre de l’Association des citoyens Convention pour le Climat Thomas Wagner, Fondateur de Bon Pote Media Maxime Combes, Economiste Corinne Morel Darleux, Auteur Dominique Bourg, philosophe Julien Bayou, Député européen pour l’environnement Cyrielle Chatelain, Député européen de l’écologiste Mathilde Panot, Député européen de La France InsoumiseFrançois Ruffin, Député européen de La France InsoumiseDominique Potier, eurodéputée des Socialistes Authomas Mna Dosbrecsus EP France InsoumiseDavid Co rmand, MEP écologisteCamille Etienne, militante pour la justice sociale et climatique Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre