Zones à faibles émissions, stratégie pas si verte

Des millions de voitures polluantes seront bientôt interdites en vertu des règles de la zone à faibles émissions (ELZ). Mais cette mesure favorisera surtout les voitures électriques, chères et peu écologiques.

• Cette enquête est diffusée en partenariat avec l’émission La Terre au Carré, de Mathieu Vidard, sur France Inter.

« Encore une mesure pro-auto ! » L’économiste et urbaniste Frédéric Héran ne perd pas son sang-froid. Avec la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE), le gouvernement promeut « une mobilité basée sur toutes les voitures et tous les camions », estime-t-il. Or, ces ZFE visent à réduire drastiquement l’usage des voitures thermiques dans les grands centres urbains. Quarante-trois agglomérations sont concernées et devront progressivement interdire, selon l’horaire de leur choix, l’accès au centre-ville aux véhicules les plus polluants.

Les mesures sont détaillées successivement dans les lois d’Orientation de la mobilité et de Climat andamp ; La résilience a une logique sanitaire : la réduction du trafic doit améliorer la qualité de l’air de nos villes. Car la France n’est pas un bon élève dans ce domaine.

Selon les directives européennes, les concentrations de dioxyde d’azote et de particules fines PM10 — deux composés principalement émis lors de la combustion du gazole — ne doivent pas dépasser 40 µg/m³ en moyenne sur l’année et 30 µg/m³ respectivement. Or, en 2021, 27 villes françaises ont dépassé les limites réglementaires, dont Paris, Rouen, Lyon, Marseille et Toulouse pour le NO2 et la Guadeloupe, la Martinique et Mayotte pour les PM10.

Pour réduire rapidement la pollution urbaine, le gouvernement mise donc sur la mise en place de ZFE. Avec un calendrier serré, et des critères stricts. Selon l’expert en mobilité de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) Louis-Pierre Geffray, près de dix millions de véhicules seront concernés.