Des plans B pas si simples pour éviter le chaos

Dans la nuit du chantier du grand tunnel, de nombreux automobilistes sont encore occupés dans leur tête à trouver un « plan B » et éviter l’enfer. Leur choix n’est pas toujours aussi facile que le gouvernement le laisse entendre. Voici les témoignages recueillis par Le Journal.

Il est hors de question que Sylvie Lepage supporte le trafic du tunnel pendant trois ans.

Les jours où elle travaille, l’infirmière laissera sa femme et ses enfants plus âgés dans la section Sainte-Julie pour dormir et se doucher dans la section inférieure d’un de ses collègues à Montréal.

« Je n’ai pas fait de budget pour ça. Ma maison est payée depuis trente ans. Je dois payer le coût du restaurant, ça va s’ajouter au coût », a déclaré celui qui travaille depuis 37 ans aux Urgences-santé.

Il reste à privilégier cette option. « Hier, il m’a fallu une heure et demie pour rentrer à la maison. Après douze heures dans l’ambulance, vous êtes fatigué. Il faut dormir, ouvrir les yeux le lendemain », raconte celui qui pointe à 5h45 et est régulièrement sollicité pour faire des heures supplémentaires.

Le travailleur serait prêt à dormir sur des matelas gonflables dans les bureaux d’Urgence-santé au lieu de passer par l’enfer du tunnel.

Mais ce premier plan B ne peut pas durer longtemps. « Si c’est trop compliqué, c’est une retraite anticipée, c’est sûr », a-t-elle déclaré.

Trois fois plus long qu’un bus

François Lemire, qui habite Sainte-Julie et dirige un centre de formation professionnelle à l’est de Montréal, calcule qu’il lui faut 1h30 pour rentrer chez lui en transport en commun, un trajet qui lui prendrait 29 minutes en voiture, même dans la circulation.

«La construction entre la Rive-Sud et le Radisson va bien. C’est dans l’est de Montréal à bloquer. Tout le monde savait que les liaisons de transport en commun étaient mauvaises, et personne n’a rien fait, dit-il.

Infirmière de nuit à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Marie-Noëlle Bourduas gère la circulation matinale en direction sud, à une seule voie.

La Longueuilloise a envisagé de laisser sa voiture dans le stationnement à la demande de Mortagne de prendre le bus gratuit jusqu’à la station de métro Radisson.

Le problème est qu’il envoie une demande à chaque fois au Réseau de transport de Longueuil (RTL). Il n’y a pas de solution plus simple que de contacter le centre de contact client, lui a-t-on dit.

« Plan B, je n’ai pas tout ça. Je vais faire comme disait François Legault : « Je vais voir et je vais arranger ça », soupire le staff médical.

Un casse-tête même de la Côte-Nord

Manque de chance : Michelle Dunn, qui travaille surtout à domicile, doit quitter Repentigny pour l’Institut en santé maladie de Montréal le jour J afin de résoudre un problème informatique.

Elle n’est pas obligée de prendre le tunnel, mais elle a quand même peur du trafic des 25e et 40e rues. « Mon patron comprend, je sors de chez moi après le dîner à 12h30.

Hélène Longtin a renoncé à son plan B.

«J’ai essayé les transports en commun vendredi, ça m’a pris 1h30 pour aller et 2h20 pour revenir», raconte un habitant de Saint-Amable, qui travaille au Port de Montréal.

Les voyages sont tous très difficiles à planifier car elle connaît son emploi du temps et où elle sera envoyée sur les 26 kilomètres de plage la veille seulement.

Pour elle, la voiture reste donc l’option la plus facile et la moins chronophage.