Montpellier : entre les travaux et les dossiers, le « volontaire » dirige la majorité de la commune

Michaël Delafosse a tenu ce vendredi 9 septembre une longue conférence de presse de rentrée au cours de laquelle il a réaffirmé le volontarisme de la majorité municipale.

Par Cédric Nithard

Publié le 10 sept. 22 à 12:33

« J’assume de prendre avec l’équipe tous les dossiers »

Michaël Delafosse a tenu une longue conférence de presse de rentrée ce vendredi 9 septembre. Une troisième année de mandat marquée par les nombreux chantiers qui ne manquent pas de bouleverser les habitudes des habitants. Ceci pourrez vous intéresser : Kinshasa : La Lucha dénonce la hausse illégale des prix des transports publics. L’occasion donc pour le maire et président de la Métropole de donner un aperçu des principaux enjeux de la Ville et surtout de réaffirmer le volontarisme de la majorité municipale avec l’ambition de faire de Montpellier une source d’inspiration.

Devant une vingtaine de journalistes réunis au siège d’ACM Habitat, devenu Altimed depuis la fusion avec la SERM et Énergie du Sud, Michaël Delafosse, entouré de plusieurs adjoints, a d’abord réaffirmé les bases de son mandat. « J’assume de prendre avec l’équipe tous les dossiers, pas question d’être une autruche sur aucun des sujets ». La sécurité, la qualité de l’air, la congestion automobile, les transports en commun… sont cités en exemple.

« Sur tous ces sujets, nous sommes offensifs et déterminés à aller de l’avant », déclare-t-il pour montrer que les temps ont changé, prenant pour preuve le Plan pluriannuel d’investissement d’un montant de 3,5 milliards d’euros (2,5 milliards d’euros pour la Métropole et 1 milliard d’euros pour la Ville). « Ce n’était pas de la communication car les projets deviennent des chantiers. Ce que nous disons, nous le faisons avec transparence dans une gouvernance pacifique. »

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Les transports en illustration du volontarisme

Malgré le contexte, Michaël Delafosse ne sombre pas dans le négativisme. Bien au contraire. « On nous parle d’une rentrée compliquée, ennuyeuse, difficile. Le président de la République tente de prendre des accents Churchilliens. Voir l’article : Que va changer le SPLM, énième structure d’organisation des transports de Lyon ?. Oui, les temps sont difficiles avec l’inflation et la crise énergétique, mais je crois qu’en ces temps, seul le volontarisme compte, seuls l’action, les choix et la détermination comptent. Montpellier doit renouer avec le volontarisme, c’est ce que nous faisons. » Les nombreux sujets abordés par la suite le démontrent.

Comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises depuis son arrivée à la tête des deux collectivités montpelliéraines en juin 2020, le maire ne manque pas de pointer les retards constatés dans plusieurs dossiers et notamment celui de la ligne 5 du tram. Des travaux qui ont une importance impact aujourd’hui. « Je pense que s’il l’avait fait, si nous avions respecté les horaires… Nous devons le faire. Cela faisait douze ans qu’on n’avait pas vu un chantier de cette ampleur dans la ville. C’est difficile, je comprends. » Au mécontentement entendu à plusieurs endroits, des améliorations et des corrections seront apportées au plan de circulation mais pour Michaël Delafosse, l’objectif de décongestionner l’automobile de la ville se rapproche. « Nous avons fait les grands changements, ça va devenir une habitude. Le LIEN va arriver et le COM se prépare (prévu pour 2028) pour que Montpellier soit une destination centrale et non plus de transit ».

La politique des transports et de la mobilité, avec le développement du tramway, des futurs bus-trams, le plan vélo et bien sûr la gratuité des transports, est pour Michaël Delafosse l’illustration de ce « volontarisme » énoncé plus haut. Dans quelques jours, seront présentés les chiffres de fréquentation liés aux deux premières phases de mise en place de la gratuité. « C’est formidable ce qui arrive aux comportements. Comme le cyclisme, c’est excitant. » Le Président de la Métropole confirme avec fierté l’application complète de la gratuité fin 2023. « Il faut en faire un véritable événement. Dans seize mois, la métropole de Montpellier sera la première métropole d’Europe à mettre en place la gratuité des transports. Cela inspire en Espagne avec des trains TER gratuits jusqu’en décembre ou en Allemagne ».

Aux 70 millions d’euros d’investissements pour la rénovation du réseau de tramway qui s’achèvera en fin d’année au Corum après le secteur gare cet été, s’ajoutent l’achat de 77 rames produites à Bagnières-de-Bigorre. dans les Hautes-Pyrénées par la société CAF destinée à améliorer la desserte en vue de la ligne 5, dont le dessin sera dévoilé dans quelques semaines, et d’une augmentation prévue avec accès gratuit.

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Culture et sport en vitrine

D’un rail à l’autre, Michaël Delafosse s’est réjoui que fin septembre, le préfet de région ait réuni les intercommunalités concernées par la LGV Montpellier-Béziers (prévue pour 2033) afin de créer la Société de projet. Sur le même sujet : Le transport au cœur des promesses électorales de la course à la mairie de Winnipeg. Un cas de 1988… « Quand on travaille ensemble, les dossiers avancent. »

Un esprit de coopération vu dans l’ambition de devenir Capitale européenne de la culture en 2028 avec un dossier regroupant 142 communes. Déjà une victoire pour Michaël Delafosse : « Et si jamais on n’est pas vainqueur, l’exploit est extraordinaire. Ce qui était à égalité avec les maires d’Agde, de Sète et de Lunel, on va continuer. nous voyons ensemble l’intérêt général ».

Au service de la culture, avec la volonté d’apporter du rayonnement à la ville et de la qualité dans le domaine à la portée du plus grand nombre, le maire confirme l’installation du futur institut sur l’histoire commune de la France et de l’Algérie, se réjouit de la prochaine exposition de les MoCo Museums in Exile (Santiago, Sarajevo, Palestine) annoncés comme un événement majeur en présence des représentants de l’UNESCO ou encore le retour de la ZAT à Antigone…

Le sport est une autre vitrine importante de Montpellier avec ses clubs professionnels et amateurs, sans oublier la pratique au quotidien. Plusieurs infrastructures seront rénovées, comme le stade Philippidès, désormais équipé d’une piste connectée, ou à l’emplacement de l’ancienne Maison Pour Tous dans la Cité Gély, où un terrain de sport verra le jour, impliquant évidemment Téji Savannier. Concernant le MHSC, des annonces concernant le futur stade seront faites prochainement. « Nous avons des contacts réguliers avec le président Nicollin. »

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Fédérer les ICC

Sans oublier la perspective des Jeux Olympiques de Paris 2024 pour lesquels Montpellier a été labellisée Terre de Jeux dans une démarche conjointe avec d’autres collectivités. « On se bat pour avoir les équipes mais on le fait avec Sète pour la mer, Millau, les grands espaces et Montpellier ses équipements sportifs » explique Michaël Delafosse qui confirme la venue de l’équipe olympique sud-africaine ou les championnats d’Europe de judo en novembre 2023. Un intérêt sportif mais pas que : « Ça va nous faire la taxe de séjour, ça soutient les hôteliers et les restaurateurs, c’est du rayonnement… ».

L’occasion de passer à l’économie et de rappeler que si les travaux sont nombreux, ils ne provoquent pas que des dérangements et des nuisances. « Derrière chaque chantier, il y a du travail. A Montpellier, les choix que nous avons faits permettent d’apporter de l’activité et donc de l’emploi », souligne Michaël Delafosse.

L’un des objectifs sur le terrain est désormais de « structurer les filières ». Après la santé et le projet MedVallée, « j’ai entendu tout et n’importe quoi. Avec nos universités, notre CHU, Agropolis et son environnement, nous travaillons sur les liens entre la recherche, le monde économique, l’innovation et la croissance des start-up », commente-t-il, tour à tour pour les Industries Culturelles et Créatives. Un secteur, où « l’emploi se crée fortement » met-il en avant, avec l’idée « d’organiser, de structurer et de fédérer cet écosystème et d’être à ses côtés pour être un accélérateur ». La présence de France Télévisions sur le territoire est un atout qui peut être encore enrichi. En ce sens, la Collectivité répondra au projet France Stratégie 2030 sur le volet ICC. « Il y a de l’argent. Nous avons tout pour être l’un des grands lieux de l’image telle qu’elle se définit dans le siècle à venir ». Et plus près de nous, précisément autour de l’ICC, l’événement Cœur de Ville en Lumières reviendra le 26 novembre « pour le plus grand centre commercial de Montpellier, c’est-à-dire l’Écusson et sa périphérie ».

Un plan sobriété bientôt présenté

Michaël Delafosse a également indiqué que des annonces seront faites prochainement avec les organisateurs du Z Event, le marathon caritatif des streamers qui se déroule actuellement au profit de cinq associations œuvrant dans le domaine de l’écologie.

Comme les particuliers, les collectivités, qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire, doivent faire face à la hausse du coût de l’énergie. Une facture estimée à 12,5 M€ pour la Ville et la Métropole en 2022. Dans ce contexte, Michaël Delafosse a souligné qu’aucune piscine de la métropole ne sera fermée, préférant baisser la température de l’eau d’un degré. « Ça va de soi de dire qu’on ferme une piscine un jour par semaine. On va les garder ouverts parce que ce sont des professeurs d’EPS qui apprennent aux enfants à nager, c’est la pratique du sport pour les personnes âgées… », argumente-t-il.

Par ailleurs, une rencontre avec les équipes de Vert-Marine est prévue au sujet de la patinoire. « Notre volonté est très claire. C’est un lieu d’enseignement très important. 300 000 personnes s’y rendent chaque année. Si jamais cette entreprise devait faire faillite, la collectivité devra trouver des ressources, mobiliser des agents… pour tenter de l’ouvrir peut-être sur un périmètre plus restreint. Ça s’appelle de l’agilité, c’est du management, et je n’ai pas peur de ce mot, du service public », explique Michaël Delafosse.

Débat national et Parti Socialiste

Bientôt, un plan de sobriété sera présenté au Conseil métropolitain. « Économies d’énergie, éco-gestes, rénovation de notre patrimoine, production… tout y passera. Là aussi le volontarisme sera au rendez-vous. J’entends dire qu’on est à l’offensive. » Au siège d’ACM Habitat, il donne l’exemple de 1 243 radiateurs changés et 82 chaudières remplacées. « On va accélérer la rénovation thermique des logements sociaux car ce sont les personnes les plus vulnérables. qu’il faut protéger », souligne Michaël Delafosse. Ce dernier pointe également la nécessaire sécurité des réseaux d’eau. « A certains endroits, on perd jusqu’à 40% de notre ressource. » De quoi le faire bondir…

Ayant la volonté de « contribuer au débat national avec une expérience de terrain », Michaël Delafosse répète sa formule : « La France des procédures tue la France des projets, Kafka dévore Victor Hugo. Ce n’est pas normal de mettre sept ans à sortir une école, douze ans pour une infrastructure de transport, c’est du délire à l’heure des urgences. Je dis au gouvernement : il faut trouver des solutions, et aux nouveaux députés : moins de lois et de meilleures lois ».

Quant au champ purement politique après deux phases électorales difficiles, Michaël Delafosse y réaffirme son ancrage également. « J’ai deux constantes de conviction : je suis de gauche et j’ai un amour indéfectible pour ce territoire. Le meilleur compliment que les Montpelliérains puissent me faire est de me dire : ne change pas. Je suis très fier d’être à la tête d’une majorité de gauche, je crois au mot gauche. C’est une histoire, des évolutions, un engagement autour de l’Europe, de la justice sociale, de l’éducation, de l’écologie, des enjeux sociaux… ». Il soupire avant de poursuivre : « La gauche est dure en ce moment. Ce n’est pas simple… La Présidentielle, la Législative. .. Je crois en la gauche qui prouve, qui fait ».

Posture du commentateur

D’abord dans l’équipe de campagne d’Anne Hidalgo, puis en s’opposant à la participation du Parti socialiste à la NUPES, allant jusqu’à pousser, avec Carole Delga et Kléber Mesquida, candidats depuis exclus, Michaël Delafosse a vécu deux douches froides. Un changement de climat après son succès aux élections municipales qui semblait avoir donné un peu d’éclat à la rose. Aujourd’hui, à l’image de son refus d’entrer au gouvernement, ses aspirations semblent se recentrer localement quitte à voir le parti s’éloigner. « Quand tu es à la tête d’un parti politique qui fait des scores où tu n’es plus remboursé, tu cherches à fédérer plutôt qu’à exclure » semble-t-il s’adresser à Olivier Faure sans le nommer, « Si on m’exclut, ce n’est pas grave . Ce qui compte c’est ce que tu portes, je reste viscéralement et jusqu’au dernier jour de ma vie, un homme de gauche. Je n’ai de leçon de gauche à prendre de personne, vraiment de personne. » Et d’inviter tout de même son camp à s’affirmer sur la gratuité des transports, la laïcité… « Allez les gars, il faut y aller » en donnant des conseils : « Ici il y a un style. On n’est pas dans l’invective, dans l’excès.. . Nous ne contestons pas nos intentions, nous n’avons pas à cultiver les polémiques tous les matins » et sans doute un message envoyé à certains…

Message précisé plus tard en guise de conclusion à ce long moment : « La posture du commentateur est une posture facile. La nôtre est celle de l’action, du mouvement, du volontarisme et j’oserais parfois dire courage et audace comme la gratuité des transports. Nous allons nous rendre fiers. de notre territoire par les politiques et stratégies que nous portons avec la capacité d’être une référence inspirante pour les autres ».

Michaël Delafosse ne manque pas d’ambition pour Montpellier et assume ses intentions avec force : « Il n’y aurait rien de pire que de devenir une ville à la banalité obscure dont on ne parle jamais. Je préfère qu’on soit au cœur de polémiques sur les choix qu’on fait. Nous étions conscients des enjeux, il y a un parcours, il y a des choix et nous les assumons. Les travaux sont difficiles pour les habitants, je le sais, mais c’est encore plus difficile quand il y a la déception de ne pas voir une ligne de tramway, de ne plus voir l’eau qui sort du robinet… Je comprends, mais il n’y a pas « Il n’y aurait rien de pire que de renouer, non pas avec la surdouée Montpellier, mais avec la belle endormie Montpellier ». référence, l’édile précise : « Nous ne serons pas les surdoués, nous sommes ses enfants et nous sommes à pied d’œuvre pour que Montpellier soit une ville sur laquelle les yeux sont tournés en devenant Capitale européenne de la culture ».

Les Montpelliérains ont certainement d’autres échéances en tête avec l’impatience de voir tous les chantiers achevés. De projets en réalisations, il sera alors temps de juger des réels changements au regard des intentions. Michaël Delafosse attend probablement aussi ce moment avec impatience. La confiance glissée par Jean Jouzel, auteur du rapport du GIEC, dont il rapporte « S’il y avait le même volontarisme dans toutes les villes qu’à Montpellier, peut-être aurions-nous le sentiment d’être entendus », le conforte dans ses choix. Les Montpelliérains sont-ils convaincus ?