Sailcoop : développer les services de navigation à passagers pour réduire notre empreinte carbone

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Lundi 5 septembre 2022 à 7h26

« Eco demain ». Afin d’éviter les déplacements en avion ou en ferry, très polluants, la coopérative a mis en place cet été la première liaison maritime régulière avec la Corse. Il s’agit de proposer une alternative au transport bio, ainsi que de démocratiser une pratique actuellement réservée aux plus aisés.

Voyager en réduisant son empreinte carbone n’est pas simple lorsqu’il s’agit de traverser les océans. Avion, bateau ou ferry sont les seules solutions proposées aujourd’hui. Un voilier c’est certes plus sobre, mais aujourd’hui il n’y a pas d’offre touristique collective. « Pourtant dans trente ans, il est évident qu’il existera parce que nous aurons simplement plus de choix », prédit Maxime de Rostolan. Le fondateur de Sailcoop en est convaincu :

« Notre mode de vie actuel ne résistera pas aux limites du réchauffement climatique. Il va falloir réapprendre à se déplacer, vivre, manger de manière plus sobre et résiliente. »

Des convictions qu’il a depuis plusieurs années et qui l’ont amené à fonder Blue Bee, une plateforme de financement participatif dédiée à l’agroécologie, puis Fermes d’Avenir, Balances et aujourd’hui Sailcoop. Avec Maxime Blondeau, président de Printemps écologique, le premier syndicat des écologistes, et le navigateur Arthur le Vaillant, cette nouvelle aventure ressemble à une véritable croisade contre le monde de demain.

Une première saison réussie

Vivre consciemment avec notre environnement. En matière de transport, nous avons un défi devant nous. A une époque où il est plus facile de se déplacer en avion qu’à vélo, Maxime de Rostolan décide de se lancer dans le transport de personnes. L’un des objectifs de Sailcoop est d’optimiser l’utilisation des voiliers qui passent la majeure partie de l’année au port. Grâce à la levée de fonds en cours sur la plateforme Lita.co, la coopérative envisage de constituer une flotte de bateaux à acheter et de bateaux de propriétaires à gérer. Elle envisage également d’acquérir des voiliers de grande capacité, comme des catamarans de 50 à 80 places pour des trajets d’une à trois heures. A terme, Sailcoop espère réunir des architectes navals et des experts chargés de concevoir des voiliers capables d’emporter 100 à 300 personnes sur de longs trajets pour rejoindre le continent américain.

Sailcoop a décidé de faire les premiers pas sur la liaison Toulon-Calvi. De juin à octobre, « Rubra », voilier de 15 mètres, effectue deux rotations vers la Corse par semaine avec 6 passagers à bord. A voir aussi : Île d’Orléans : protestation contre l’idée du pont de Duhaime.. Pour 180 euros et 20 heures de navigation, le capitaine Rémi Boyer et son second, Marianne Ramazzoti, ont déjà transporté une centaine de touristes sur l’île de beauté.

En ce dernier vendredi d’août, le navire parti de Fréjus était de nouveau plein. A ce jour, l’âge moyen ne dépassait pas 35 ans. Ils ont tous réservé sur le site de la coopérative et avaient hâte de traverser la Méditerranée.

Pour Marine et Antoine, un jeune couple parti d’Anger en train, c’était la première fois sur un voilier. Amélie et Raphaël ont de la famille en Corse, mais ils n’y sont jamais allés autrement qu’en ferry. Violaine, ayant décidé de ne plus voler, elle en a tout de suite profité pour aller à la mer pour ajouter un peu d’aventure à ses vacances. Dernière arrivée sur la jetée, Maëlys, également adepte du voyage durable. La génération Blablacar s’engage sans hésiter et tout simplement.

Quelques consignes de sécurité rapides et ils repartent en mer, excités à l’idée de naviguer sur la Méditerranée qui, si elle tient ses promesses, leur offrira le spectacle d’un coucher de soleil, en compagnie de dauphins, baleines, cachalots. et même des tortues. Car comme annoncé par Marianne, l’adjointe du capitaine, ils traverseront le Sanctuaire Pelagos, une zone protégée où l’on peut voir plein de baleines et de dauphins. Mais pour être tout à fait honnête, ils ne seront pas seuls sur l’eau : il faudra également s’attendre à de nombreux ferries, porte-conteneurs et tankers, sans oublier les mégayachts, regrette-t-il.

Reportage d’Annabelle Grelier sur ce nouveau type de croisière en Méditerranée

Côté météo, un léger vent d’ouest souffle aujourd’hui, pas de quoi inquiéter le skipper Rémi Boyer qui prévoit une vitesse de croisière de 10 à 12 nœuds.

Bien sûr, parfois il tonne aussi, mais l’orage de début août n’a découragé personne. Lorsqu’il est resté au mouillage à Calvi, le bateau a traversé l’épisode sans aucun problème pour les passagers, nous raconte le capitaine, un flegmatique.

« Depuis le début de la saison, la météo est restée clémente et nous n’avons consommé que 360 ​​litres de gasoil, soit 2 litres par passager », calcule rapidement Maxime de Rostolan. Bref, une consommation raisonnable, si l’on sait qu’un jet ski consomme 20 à 25 litres par heure.

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Bousculer les règles

Les deux skippers travaillant dans la coopérative gardent toujours à l’esprit l’utilisation du moteur aussi faible que possible. Le but de la coopérative auquel ils adhèrent. Lire aussi : Transports publics | Le PQ offre un accès illimité pour 365 $ par année. C’est justement pour trouver du sens qu’ils ont présenté leur candidature, nous dit-on, fatigués de naviguer dans des plannings serrés et dans le seul but de la rentabilité.

Voyager avec Sailcoop, c’est aussi redécouvrir un autre rapport au temps et à l’environnement. Et pas seulement que la nature offre Maxime de Rostolan. L’environnement administratif et réglementaire est très défavorable à ce type d’initiative.

« Rien dans la loi ni dans les aides d’État n’encourage cette idée, même si elle tire parti de notre politique climatique et gagne le soutien du grand public. »

Et c’était tout un bras de fer que Sailcoop a eu à faire avec les autorités maritimes pour lancer sa saison. « Mais il me semble que quand on ne dérange pas, c’est signe qu’on ne change rien. On a ouvert le hack, c’est sûr. »

Forte du succès de cet été, la coopérative a déjà prévu sa première transatlantique avec une escale en Guadeloupe le 5 novembre, et les places sont quasiment toutes réservées, avec d’autres liaisons moyen-courrier vers l’Irlande prévues dans les années à venir. ou la Grèce ou même long-courrier vers l’Amérique du Sud ou l’Afrique de l’Ouest. Enfin, la coopérative prévoit de proposer des liaisons entre le continent et les îles côtières, inspirées de la navette Iliens, dont le catamaran assurera la liaison entre Belle-Île et Quiberon à partir de 2021, transportant 1 500 passagers par an.

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