Une quarantaine de conducteurs de bus scolaires portés disparus en Limousin

La rentrée approche à grands pas, le stress aussi. L’inflation, qui affecte également l’offre, exacerbe la pénurie nationale de chauffeurs d’autobus scolaires. Un problème qui n’épargne pas le Limousin, mais dans une moindre mesure. « Jusqu’ici on tient bon, on fait tout pour l’éviter [fermer ou casser la ligne], confirme Renaud Lagrave, vice-président de région chargé de la mobilité.

Le tout, c’est « l’allongement du temps de travail ». A cet effet, la Région met en place des tickets. « Cette carte de transport scolaire pour les enfants va permettre de récupérer des données sur leurs trajets et ainsi d’optimiser les horaires. Nous sommes également en train de discuter avec l’éducation nationale pour décaler les horaires scolaires de quelques minutes – précise le vice-président.

« Il y a eu beaucoup de départs pendant la pandémie, et du fait de la baisse du pouvoir d’achat, les chauffeurs approchaient du temps plein. »

Philippe Redon Directeur Limousin-Périgord chez Transdev

Tous les effectifs sont sur le pont

Pour arrêter l’hémorragie qui touche non seulement l’école mais tous les transports en commun, tout le monde est embarqué, « des patrons aux comptables en passant par les mécaniciens, tout le monde prend le volant« , relate Renaud Lagrave, pour qui « la situation est satisfaisante pour les usagers mais pas pour sociétés de transports. Les actions doivent être introduites dans la durée. »

Dans cette perspective, le vice-président annonce une rencontre avec le ministre des transports dans les prochaines semaines. A voir aussi : STTR : le service de transport auxiliaire a été rétabli. Pendant ce temps, les sociétés de transport jonglent du jour au lendemain.

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Une quarantaine de postes manquants en Limousin

Une fois de plus, le Covid était là. « Il y a eu beaucoup d’échappées pendant la pandémie, et du fait de la baisse du pouvoir d’achat, les chauffeurs sont passés au temps plein », explique Philippe Redon Limousin directeur Périgord Midi-Pyrénées chez Transdev, principal opérateur en Corrèze-Dordogne. Pour faire face à ces désertions, des formations liées à Pôle Emploi ont été mises en place. Ceci pourrez vous intéresser : Nouvelles perturbations sur le réseau des transports en commun à Dijon le 11 juin en raison d’une grève. « Mais c’est quand même difficile de recruter, même pour la formation », déplore-t-il.

Sur le seul secteur de Brive-la-Gaillarde, Transdev accuse un déficit de 8 chauffeurs. Selon Philippe Redon : « Il n’est pas exagéré d’annoncer qu’il manque en Corrèze dix à quinze postes de chauffeurs-écoles », toutes entreprises confondues. Même constat en Haute-Vienne, où une quinzaine de chauffeurs sont portés disparus, comme en Creuse.

« Ils travailleront environ 55 heures par mois pour un salaire de 600 à 900 euros. On ne peut pas vivre avec ça.

Xavier Gonzalez (directeur général adjoint de Mignaton, Creuse)

« La situation a toujours été complexe », confirme Xavier Gonzalez, directeur général adjoint de Mignaton, leader du transport scolaire en Creuse. En gros « il manque à chaque entreprise de transport en France 10 % d’effectifs pour l’année scolaire. La durabilité est très rare », explique Xavier Gonzalez. « Bien sûr c’est moins important qu’ailleurs, il faut le reconnaître, mais ça empire chaque année… »

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Des contrats précaires de moins en moins acceptables face à la situation économique actuelle 

Les contrats avec les conducteurs d’autobus scolaires ne sont pas très attrayants. Surtout au milieu de la flambée des prix. Voir l’article : Descente à pied à Lyon, bonne ou mauvaise nouvelle ?. Les profils récurrents dans la profession sont le plus souvent des personnes à la recherche d’un complément de revenu.

« On retrouve surtout des retraités, des agriculteurs, des artistes qui travaillent environ 55 heures par mois pour un salaire de 600 à 900 euros. On ne peut pas vivre avec », décrypte Xavier Gonzalez.

Des efforts encourageants sont déployés pour réduire leur statut précaire. « Aujourd’hui nous sommes à 11,14 euros bruts de l’heure, nous nous rapprochons doucement du SMIC. »

Jusqu’à présent, ni les acteurs du transport scolaire du Limousin ni la Région ne s’inquiètent que les lignes ne soient exploitées à la rentrée. Mais tout le monde insiste sur la nécessité de repenser en profondeur le secteur.

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