Descente à pied à Lyon, bonne ou mauvaise nouvelle ?

[Série 3/3] Dans la métropole lyonnaise, la pratique de la marche pour se rendre au travail recule un peu partout, y compris à Lyon. Une évolution qui reflète en partie les progrès du vélo ou des transports en commun. Mais cela a changé surtout depuis la pandémie de Covid.

12 sur 59. C’est le nombre de communes de la métropole lyonnaise où la marche à pied n’a pas diminué depuis 2008. C’est l’une des cinq municipalités. Ailleurs, la proportion de trajets domicile-travail a diminué entre 2008 et 2018. Même dans certains domaines où l’on imagine qu’elle est plus importante.

La marche à pied diminue plus faiblement dans Lyon qu’en périphérie

La marche à pied diminue plus faiblement dans Lyon qu’en périphérie

A première vue, « on peut être déçu et surpris par la réalité de ces chiffres », commence Pierre Rauzada, président de l’association « Les droits du piéton », basée à Lyon depuis 1975. A voir aussi : En Allemagne, transports en commun illimités pour 9 € par mois.

Les chiffres de l’INSEE montrent notamment une faible part modale de la marche à pied à Lyon – une commune pourtant très dense. Dans le 6e arrondissement, 8,19 % des actifs se sont rendus au travail à pied en 2018. C’est la proportion la plus élevée à Lyon. Ailleurs, la marche est parfois quasi inexistante :

Les deux tiers des arrondissements de la ville sont parmi les secteurs les plus faibles de la marche, au sein de la métropole lyonnaise. Moins utilisé que Jonage (2,38% des actifs), Charly (3,6%), Mions (4,3%) ou Genay (4,54%).

Plus près de Lyon, la marche à pied est plus développée à Villeurbanne (13,87 % d’actifs en 2018), Rillieux-la-Pape (10,69 %), Vénissieux (9,4 %) ou encore Oullins (13,3 %). La randonnée est également relativement développée dans certains secteurs du Mont-d’Or (Poleymieux, Couzon, Saint-Cyr et Champagne).

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La marche à pied s’efface-t-elle derrière les transports en commun et le vélo à Lyon ?

Ces chiffres sont-ils de mauvaises nouvelles ? Pas forcément si on se met dans la perspective de développer des voies douces ou collectives. Les chiffres de l’INSEE semblent plutôt montrer une corrélation entre l’augmentation de la part modale des transports en commun ou du vélo et la diminution de la marche.

« S’il y a moins de piétons mais plus d’usagers du transport en commun ou de cyclistes, cela ne me dérange pas. On voit qu’il y a un effet de bateaux communiquant à vélo et en transports en commun. Voir l’article : Grand Lac repense complètement son réseau de transport. La période 2008-2018 est celle de l’essor du vélo et de la culture du vélo à Lyon. Il y a aussi eu des créations ou des extensions de lignes de transport en commun dans la métropole. »

Une analyse qui semble se confirmer à Lyon et dans certaines banlieues proches. Entre 2008 et 2018, la marche a globalement diminué. C’est le cas dans les 1er, 2e, 5e et 7e arrondissements de Lyon. Ou encore Vénissieux (-2,12 points), Bron (-2,55 points), Vaulx-en-Velin (-2,4 points) ou encore Décines (-2 points).

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La marche à pied, un mode de déplacement des employés dans la métropole de Lyon ?

La part modale de la marche semble donc directement liée à l’offre de transport en commun ; mais aussi l’éloignement du lieu de travail. Ainsi, la part modale de la marche est faible à Lyon où les transports en commun sont très denses. Sur le même sujet : Covid-19 : bientôt de retour du port du masque dans les transports ?. Il est également faible dans un deuxième type de cercle, notamment à l’Est, où les transports en commun sont rares et où les travailleurs travaillent souvent dans une commune autre que leur lieu de résidence.

Il semble également lié à la classe sociale. Les chiffres de l’INSEE montrent que dans la métropole lyonnaise, elle se caractérise par une forte proportion de salariés. En 2018, 41,5 % des actifs de la métropole lyonnaise en mobilité professionnelle sont en emploi. C’est deux fois le nombre de professions intermédiaires et près de trois fois la taille des cadres.

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Cependant, la marche n’est pas le moyen de transport le plus courant pour les employés. Ils étaient 11 % dans toutes les métropoles lyonnaises à se rendre au travail à pied en 2018. La voiture reste le moyen de transport le plus utilisé dans cette catégorie socioprofessionnelle. Cependant, c’est elle qui l’utilise le plus.

Les chiffres de marche relativement élevés dans l’est lyonnais s’expliquent par ce marqueur socio-économique. Quand on regarde une carte de la répartition des salariés dans la métropole lyonnaise, on voit assez clairement une forte présence dans le 8e arrondissement de Lyon, à Vénissieux, à Bron ou certains secteurs de Villeurbanne et Vaulx-en-Velin.

Après les salariés, ce sont les professions intermédiaires (6%) et les cadres (5%) qui se déplacent le plus pour travailler dans la métropole lyonnaise. Cette situation peut expliquer en partie la part modale élevée de certaines communes de l’ouest lyonnais et des Monts d’Or. Ce sont les rares lieux où la part modale de la marche augmente.

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Un plan piéton dans la métropole de Lyon ?

Le lundi 27 juin 2022, le conseil de la Métropole de Lyon votera un « Plan piéton ». De quoi s’agit-il? Rien de nouveau, juste un habillage de différents aménagements, essentiellement routiers, déjà lancés :

La marche à pied en augmentation après le Covid à Lyon ?

La promenade est-elle trop invisible ? Certainement en partie à cause de biais statistiques. Seul le mode de transport dit « le plus lourd » est maintenu par l’Insee (voir ci-dessous). De plus, les données les plus récentes sur la mobilité professionnelle issues du recensement de la population datent de 2018. Ils n’envisagent donc pas encore la crise du Covid et ses conséquences.

Ils sont réels. On sait par exemple que sur le réseau TCL, tous les voyageurs ne sont pas revenus. La baisse du trafic réseau a été très importante en 2020 (environ 35%) et en 2021. Il a été à la hausse jusqu’à présent. Le Sytral estime un potentiel retour à la fréquentation en 2019 en année 2024.

Pour l’instant, nous ne savons pas quoi faire de la marche. Dans un contexte de baisse de l’utilisation des transports en commun, de développement du télétravail mais aussi de retour à la voiture, seront-ils positifs pour la marche ?

« Il est possible que le mode piéton ait repris de l’importance dans le trajet », estime Pierre Rauzada.

Les chiffres sur les déplacements dans la métropole de Lyon

Les chiffres présentés ici sont issus du recensement INSEE. L’ensemble de données « le plus récent » concerne l’année 2018. Ces chiffres concernent uniquement la mobilité professionnelle. C’est donc la façon dont les personnes actives (salariés ou demandeurs d’emploi) se déplacent pour leurs trajets domicile-travail.

Nous avons également isolé dans cet ensemble de données très conséquent les seuls actifs vivant dans la métropole lyonnaise. Ceci afin de présenter les modes de transport privilégiés par les seuls habitants actifs d’un quartier ou d’une commune de la métropole de Lyon. Cela exclut donc certains mouvements de personnes venant travailler dans une commune de la métropole de Lyon.

Dans ses statistiques, l’INSEE ne retient qu’un seul mode de transport par actif. Ainsi, dans le cas où différents moyens de transport sont utilisés pour se rendre au travail, l’Insee ne retient que le mode de transport dit « le plus lourd ». Par exemple, si vous commencez un trajet à vélo ou à pied et que vous utilisez ensuite les transports en commun, le seul mode de transport choisi sera le transport en commun. Cette option statistique pourrait donc minimiser la part modale des transports dits plus légers ou plus doux.

Dernier point : cette statistique est basée sur une enquête de recensement. Elles se basent donc sur les données déclaratives des personnes répertoriées.

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